Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (19.1865)

GAZETTE DES BEAUX ARTS.

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quelque feuille méconnue des ignorants, et laissée en dehors des grandes enchères, a
pu former en peu d’années une collection aussi précieuse pour l’art que pour l’histoire.
Seul peut-être il est en mesure de donner, avec une libéralité peu commune, et le
capital et les intérêts d’étude et de jouissance. Mais sachez fournir le capital. Combien
ne trouverez-vous pas d’amateurs qui, pour le seul plaisir de la chasse, vous serviront
les intérêts 1

C’est assez retenir le lecteur à Alençon. Une autre fois nous visiterons ensemble le
Musée, qui a bien son attrait aussi. En insistant aussi longuement sur une exposition
de province, mon but a été de montrer quelles ressources d’art et de goût on rencontre
aujourd’hui dans des villes où ne fonctionnent ni société des amis des arts ni académie
d’aucune sorte. J’ai voulu aussi rendre justice au zèle d^ ces amateurs dont on ne
connaît pas assez les noms. Certes, la grande exposition de l’art industriel, que nos
amis de la place Royale préparent pour le mois d’août, trouvera à Paris le meilleur de
ses trésors. Mais elle pourra également puiser à Alençon, comme à Beauvais, plus d’un
élément de haute curiosité.

Revenons à Paris, au boulevard des Italiens. Là nous attend une autre exposition,
aussi nouvelle par les objets qu’elle rassemble que par la nature de ces objets. Il s’agit
d’aquarelles, tout simplement, et c’est déjà une innovation en France que d’appeler
notre attention sur des œuvres réputées secondaires. Ces aquarelles sont au nombre de
trois cents, elles sont l’œuvre d’un seul artiste, M. llildebrandt, peintre prussien, et
elles ont été exécutées d’après nature un peu partout, excepté en Europe. Ce que cette
suite de vues empruntées aux latitudes lointaines de l’Asie et de l’Afrique contient
d'enseignements, ce qu’elle inspire de réflexions, ce qu’elle ouvre d'horizons nouveaux,
non-seulement sur les mœurs locales, mais sur le paysage en général et sur les modifi-
cations de l’art dans les mains de l’homme, je ne puis le dire aujourd’hui : l’espace
me manque et le temps me presse. Heureusement l’exposition des aquarelles de
M. Hildebrandt doit durer trois mois. Allez les voir, ami lecteur, et nous en causerons
dans le bulletin du mois prochain.

I, K O N LAGRAXGIi.

Le Directeur : ÉMILE GALICHON.

PARIS. J. CLAYH, IMPRIMEUR, RUE SAINT-BENOIT, 7