Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (19.1865)

COLLECTION CAMPANA. — LES VASES PEINTS. . 177

était en honneur chez tous les peuples de race hellénique, et on n’a
qu’à jeter un coup d’œil sur les monnaies frappées dans les villes
du continent, des îles, des colonies en Italie et en Asie, pour s’aper-
cevoir que les plus belles monnaies ne sont pas à coup sûr les médailles
d’Athènes. Si Syracuse et les villes de la Grande-Grèce ont produit
des artistes capables de graver les magnifiques pièces d’or et d’argent
que l’on admire dans les médailliers, pourquoi ces villes n’auraient-
elles pas eu des céramographes plus ou moins habiles aussi bien
qu’Athènes? Pausanias1 fait mention des potiers (x.epa[«îç) de l’Au-
lide. Étaient-ce des vases peints que ces potiers fabriquaient? C’est
probable, mais le voyageur grec ne le dit pas. Que le commerce ait porté,
sur un grand nombre de points du monde connu des Grecs, les produits
de la céramographie, cela est un fait incontestable ; car on a trouvé des
vases signés du nom de Nicosthènes en Sicile et un bien plus grand
nombre en Ëtrurie2, d’autres d’Épictète en Étrurie et à Kertch3 et en
dernier lieu M. Salzmann a trouvé dans ses fouilles de Camiros à Rhodes
plusieurs canthares en pâte noire de travail étrusque. Il est évident aussi
que plusieurs des grands vases à inscriptions corinthiennes du musée
Napoléon III qui ont été trouvés dans les tombeaux de Caere en Ëtrurie
ont été apportés de Corinthe même. Ainsi le commerce portait au loin
les poteries fabriquées dans certaines localités qui avaient acquis de la
réputation. Mais la masse des vases qu’on trouve dans la Grande Grèce,
en Sicile et en Ëtrurie, a dû avoir été fabriquée dans les lieux mêmes
où on les découvre, comme je l’ai fait observer il y a environ trente ans.

J. DE WIITE.

1. Bœot. xix, 5.

2. Panofka, Musée Blacas, p. -H. — Cf. Gazelle des Beaux-Arts, sept. 1862,

p. 200.

3. Otto Jahn, Beschreibung der Vasensammlung Kônig Ludwigs in der Pinako-
Ihek zu München, p. xxvm, note 116.

xix.

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