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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 3
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Ronchaud, Louis de: François Lenormant, Monographie de la voie sacrée éleusinienne de ses monuments et ses souvenirs: [Rezension]
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0289

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MONOGRAPHIE DE LA VOIE SACRÉE ÉLEUSINIENNE. 279

niant, de décombres amoncelés lors de la prise d'Athènes par Svlla, ou d’un agger
élevé par le général romain. La guerre, qui a détruit tant, de belles choses, en a con-
servé quelques-unes, en les enfouissant, comme fait l’avare de son trésor, pour un
héritier inconnu.

De ces tombeaux de l’Hagia Trias, les plus intéressants, au point de vue de l’art,
sont ceux d’Agathon, de Denvs, de Dexiléos. Les deux premiers, en forme d’édicules
et datant de l’époque macédonienne, sont surtout curieux par les peintures qui les
décorent, et qui, dans le premier, offrent une conservation supérieure à celle d’aucune
autre décoration de ce genre en Grèce. On possède ici deux remarquables échantil-
lons d’un genre de monuments funéraires dont il est plus d’une fois question dans
Pausanias, où le travail du peintre avait remplacé pour la décoration celui du sculp-
teur: deux exemples de plus d’architecture polychrome 1. Le tombeau de Denvs était
en outre orné à son sommet d’une statue de taureau, d’un très-beau style, dont on a
retrouvé les débris à sa base. L’animal était représenté dans l’attitude consacrée du
taureau dionysiaque, labourant, tête baissée, la terre de ses cornes. Quant au tombeau
de Dexiléos. il emprunte à l’art et à l’histoire un double intérêt : c’est un monument
élevé à l'un des « cinq cavaliers de la bataille de Corinthe, » comme nous l’apprend
l’inscription. Cette bataille entre les Athéniens et les Lacédémoniens a été racontée par
Xénophon dans les Helléniques. Elle fut sanglante. On ignore par quel exploit ces
cavaliers s’y distinguèrent. En bas-relief représente sur le monument un homme à
cheval, terrassant un homme à pied ; une mâle expression de douleur résignée est
empreinte sur le visage du guerrier vaincu que menace le bras levé du vainqueur. Ce
bas-relief, qui date de trente-cinq ans après la mort de Périclès, est un des plus beaux
marbres qu’on ait trouvés en Grèce depuis l’affranchissement. Un moulage en a été
apporté à Paris par M. F. Lenormant2. Comme sur les cavaliers du Parthénon, on a
remarqué sur l’original des trous qui ont servi à fixer des ornements en métal.

J’emprunte une autre remarque à l’article de M. Wescher, publié dans la Revue
archéologique 3. Celle-ci regarde la forme générale de la stèle. « Plus large à la base
qu’au sommet, elle va se rétrécissant insensiblement depuis sa partie inférieure jus-
qu’au fronton qui la termine. » On se rappelle ce qui a été écrit sur l’inclinaison et la
convergence des lignes du Parthénon, sur la porte de l’Érechtéion, etc. C’est un des
caractères du pur art grec que ce mouvement en quelque sorte vivant des lignes de
l’architecture, qui contraste si bien avec la rectitude et la froideur de l’art dit
classique.

De ces monuments, M. Lenormant. nous conduit sur l’emplacement du bourg de
S;iion, où l’on consultait jadis un oracle au tombeau du devin Sciros, venu de
Dodone à Eleusis; la divination se faisait au moyen des dés. Ce même bourg de
Sciron était le siège d’un ancien culte agricole de Minerve Sciros, identifié par la
suite avec la mystique religion d'Eleusis; ce qui n’empêchait pas les Athéniens de célé-
brer annuellement, la fête des Seirophories, dans laquelle la prêtresse de Minerve, le
prêtre du Soleil, et les Etéobutades, faisaient, avec des parasols blancs, des procès-

1. On a également trouvé des traces de couleur sur une statue funéraire provenant des fouilles de
l’H agi a Trias. Sur ce nouvel exemple de sculpture polychrome, voy. un article de M. A. Salinas (Notice
sur deux statues funéraires découvertes à Athènes; ltcvue archéologique, mai 1864).

2. On le voit à l’École des Beaux-Arts. Un dessin du même bas-relief accompagne un article de
M. Wescher, Revue archéologique, nouv. série, t. VIII, pl. 15. Il est dû à M. Joyau, architecte pensionnaire
de l’Académie de France à Rome.

3. T. VIII, p. 351.
 
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