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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 3
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Tal, F. del: Alexandre Couaski
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0294

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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sur l’échafaud en 93; l’autre est celui de sa sœur, enfant de trois ans et demi : ovale
moyen, au pastel, fait en 94 pour la famille. Ces deux portraits sont d’une conservation
parfaite et d’un coloris ravissant. Toute la verve et tout le talent de Couaski s’y retrou-
vent. C’est la nature prise sur le fait avec la grâce, le charme de la jeunesse, avec la
beauté et la naïveté de l’enfance.

D’autres portraits non moins remarquables existent encore aujourd’hui chez quel-
ques personnes. Mademoiselle Barbot conserve religieusement, de notre peintre, un
magnifique portrait de son père attaché à la maison du prince de Condé, et qui remonte
à 1784. C’est un pastel, grand ovale, qui égale ce qui a été fait de mieux en ce genre.
Mademoiselle Barbot possède aussi de Couaski quatre autres pastels, grandeur moyenne,
un délicieux portrait de femme à la mine de plomb, et une ravissante ébauche à l'huile,
peinte sur bois, représentant une jeune fille qui lit. Couaski se proposait de personnifier
les cinq sens, et cette jeune fille fut choisie par lui pour exprimer la vue.

Mais ce n’est point à ces seules œuvres que se bornent les travaux de Couaski. Il a
fait le portrait de madame la marquise de Juigné, qui fut dame d’honneur de madame
la Dauphine. Dans la famille de M. de Lépine, chef du cabinet de M. le Ministre de la
guerre, il existe un second portrait de la reine Marie-Antoinette, une reproduction
sans doute de celui qui avait été commencé par Couaski le 4 0 août. Le même M. de
Lépine possède un autre pastel grand ovale, le portrait de sa belle-mère avec ses
deux enfants. Comme le précédent, ces deux pastels sont postérieurs à 90.

En 1809, Couaski fit le portrait de sa femme, lequel, contre sa coutume, est signé
et daté. Il appartenait à madame la comtesse de Boni. En 1813, il fit celui de M. Mar-
tinet, alors jeune homme. La nièce de ce médecin, mademoiselle Giraudeau, une des
élèves les plus distinguées de Redouté et de M. Ingres, possède plusieurs croquis de
Couaski, entre autres le portrait de l’impératrice Catherine de Russie et celui de
madame la princesse de Lamballe, vêtue d'une veste courte et coiffée d’un large cha-
peau surmonté d’une longue plume.

Couaski était bel homme, d’une figure franche et enjouée; il avait de l’esprit, un
cœur noble et généreux; malgré son talent et le souvenir d’une position fort élevée, il
vivait retiré dans un petit appartement de la rue des Petits-Augustins; plus tard il
habita la rue Saint-Benoît, qu’il quitta pour entrer à Sainte-Périne (de Chaillot), où
il fut admis en 1816, grâce à la sollicitude de madame la duchesse d’Angoulème, qui
n’avait point oublié le dévouement de l’artiste.

Couaski avait religieusement conservé le costume du Dauphin, celui que portait ce
royal enfant lorsqu’on 92 il était au Temple; le costume se composait d’une petite veste
en moire grise, d’une teinte claire, du cordon bleu et de la décoration de l'ordre du
Saint-Esprit, qui lui servirent plus tard pour reproduire les différentes copies qu'il
eut à exécuter. Au retour des Bourbons, les précieuses reliques furent remises par
madame Barbot à madame la Dauphine, par l’entremise de M. l’abbé Davaux ; et ce
ne fut point sans une bien douloureuse émotion que cette princesse les reçut.

Couaski mourut à Sainte-Périne en 1829, âgé de quatre-vingts ans. Perrin, qui était
son admirateur et son ami, nous a laissé un portrait en miniature de cet artiste, qui
était alors dans sa soixante-et-unième année. Cette miniature appartient aujourd'hui
à M. le docteur Martinet, qui la doit à l’amitié de madame Barbot. Beaucoup d’autres
ouvrages de Couaski doivent se trouver dans les cabinets des riches amateurs, mais
malheureusement pour sa gloire, ils ont été attribués aux plus illustres célébrités.

F. DEL TAL.
 
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