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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Saint-Santin, M. de: De quelques arts qui s'en vont
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0327

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QUELQUES ARTS QUI S’EN VONT.

317

Musées de province (et m’est avis qu’une telle publication serait encore
infiniment utile et curieuse), il ne s’adresserait plus, pour édifier sur
leur réelle valeur les amateurs d’Europe, au crayon d’un lithographe. Il
croirait faire preuve de sincérité et de véritable amour de ces belles
choses inconnues, en appelant devant elles un instrument de photo-
graphie.

En somme, veut-on, oui ou non, la reproduction fidèle d’une œuvre
d’art? Pour nous, qui avons sous la main les ressources faciles et pré-
cises du photographe, la gravure et la lithographie n’ont plus un crédit
sérieux. Il ne nous est plus possible, devant une estampe, de considérer
l’œuvre interprétée ; nous n’y admirons que l’habileté personnelle de
l’interprète. Il faut donc, bon gré mal gré, regarder en face et de sang-
froid l’avenir : comme reproduction d’œuvres anciennes, le rôle de la
gravure et de la lithographie est fini. Que les graveurs redeviennent
peintres, ou qu’ils remettent leur burin aux doigts du peintre. Je ne fais
pas ici la guerre au burin ; je ne lui en veux pas, moi, à ce noble outil qu’ont
manié des mains, quelques-unes sublimes, toutes passionnément éprises
de l’art. Dès qu’il sera employé au service de compositions originales
par un Henriquel ou un Johannot, ou par ces jeunes gens que je pour-
rais nommer, les Flameng et les Gaillard, je serai le premier à l’adorer
dans le môme faisceau sacré que le pinceau, la pointe ou l’ébauchoir.
En attendant, nous ne pouvons qu’applaudir aux largesses de la surin-
tendance des Beaux-Arts qui, si elle crée les albums dont nous avons
parlé, aura plus fait en quelques années, pour la gravure mourante,
que ne firent pour elle, en deux siècles, Louis XIV et tous les Directeurs
généraux des Bâtiments, Arts et Manufactures. N’épargnons pas le festin
à ces deux pauvres condamnées ; que la gravure se gorge des grands
chefs-d’œuvre anciens, que la lithographie se gorge des plus beaux
modernes : c’est en vérité une noble piété que d’offrir ainsi à deux arts
qui nous ont fait tant d’honneur en Europe, l’occasion de trépasser vic-
torieux au milieu d’un éclatant triomphe, triomphe qu’enregistrera l'his-
toire des arts, mais qui fatalement ne peut avoir de lendemain.

M. DE SAINT — SA NTT X.
 
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