DOI Heft:
Nr.4
DOI Artikel:Mantz, Paul: Musée rétrospectif, [2], La Renaissance et les temps modernes: Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués a l'Industrie
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0337
LA RENAISSANCE El LES TEMPS MODERNES. 15:17
curiosité a donné lieu depuis vingt ans, il reste encore beaucoup de
points obscurs ou mal éclairés. Entreprise par de savants chercheurs,
l’histoire des arts décoratifs est loin d’être achevée, et, à moins de
résoudre les difficultés par le procédé barbare d’Alexandre, la critique
rencontre à chaque pas des nœuds gordiens qu’elle ne saurait dénouer
encore. Prenons-en vaillamment notre parti; nos chances sont égales à
celles du héros de la Coupe et les Lèvres : entre la plume et le papier,
il y toujours place pour une erreur.
1.
BRONZES. — MARBRES. — TERRES CUITES. — BOIS SCULPTES.
- IVOIRES. — CIRES.
Si grandes que soient les difficultés de notre tâche, il est à l’Exposi-
tion des Champs-Elysées des œuvres si fièrement écrites et si authenti-
quement belles, qu’elles ne laissent place qu’à l’admiration. Notre joie
commence avec les bronzes. Arrêtons-nous en toute sécurité devant le
morceau capital de Donatello, le modèle de la statue équestre de Gatta-
melata (à M. le comte de Nieuwerkerke). Déjà, dans la rapide revue
qu’il a faite du musée rétrospectif, M. Charles Blanc a appelé l’attention
de nos lecteurs sur cette œuvre simple, fière, héroïque, et bientôt la
Gazette en publiera la gravure. La statue du hardi condottière des
troupes vénitiennes mérite cette double illustration de la plume et du
burin. Les annotateurs de Vasari nous ont dit à quel moment de l’his-
toire appartient ce rare morceau. Les grands travaux de Donatello à
Padoue datant de 1453 environ, nous savons à peu près à quelle
époque l’artiste, déjà vieilli, mais vigoureux encore, modela cette
magistrale esquisse où la forme, éliminant le détail, se résume savam-
ment dans la hardiesse des lignes générales, et où la grandeur de
l’ensemble est saisie avec un sentiment vraiment digne de l’antique. Ce
caractère se rencontre assez fréquemment dans les œuvres italiennes du
xve siècle, et c’est là une des raisons qui rendent cette époque digne de
tous nos respects. Entre la muse antique réveillée de son long sommeil
et l’art profondément humain qui commençait à s’affirmer, il y eut une
sorte de pénétration et d’effusion de cœur ardente et naïve comme le
premier baiser que les amoureux échangent au printemps. On vit éclater
alors en Toscane et bientôt dans toute l’Italie une joie exubérante, can-
dide, universelle, qui, sur tous les modes, salua l'art retrouvé. Donatello
curiosité a donné lieu depuis vingt ans, il reste encore beaucoup de
points obscurs ou mal éclairés. Entreprise par de savants chercheurs,
l’histoire des arts décoratifs est loin d’être achevée, et, à moins de
résoudre les difficultés par le procédé barbare d’Alexandre, la critique
rencontre à chaque pas des nœuds gordiens qu’elle ne saurait dénouer
encore. Prenons-en vaillamment notre parti; nos chances sont égales à
celles du héros de la Coupe et les Lèvres : entre la plume et le papier,
il y toujours place pour une erreur.
1.
BRONZES. — MARBRES. — TERRES CUITES. — BOIS SCULPTES.
- IVOIRES. — CIRES.
Si grandes que soient les difficultés de notre tâche, il est à l’Exposi-
tion des Champs-Elysées des œuvres si fièrement écrites et si authenti-
quement belles, qu’elles ne laissent place qu’à l’admiration. Notre joie
commence avec les bronzes. Arrêtons-nous en toute sécurité devant le
morceau capital de Donatello, le modèle de la statue équestre de Gatta-
melata (à M. le comte de Nieuwerkerke). Déjà, dans la rapide revue
qu’il a faite du musée rétrospectif, M. Charles Blanc a appelé l’attention
de nos lecteurs sur cette œuvre simple, fière, héroïque, et bientôt la
Gazette en publiera la gravure. La statue du hardi condottière des
troupes vénitiennes mérite cette double illustration de la plume et du
burin. Les annotateurs de Vasari nous ont dit à quel moment de l’his-
toire appartient ce rare morceau. Les grands travaux de Donatello à
Padoue datant de 1453 environ, nous savons à peu près à quelle
époque l’artiste, déjà vieilli, mais vigoureux encore, modela cette
magistrale esquisse où la forme, éliminant le détail, se résume savam-
ment dans la hardiesse des lignes générales, et où la grandeur de
l’ensemble est saisie avec un sentiment vraiment digne de l’antique. Ce
caractère se rencontre assez fréquemment dans les œuvres italiennes du
xve siècle, et c’est là une des raisons qui rendent cette époque digne de
tous nos respects. Entre la muse antique réveillée de son long sommeil
et l’art profondément humain qui commençait à s’affirmer, il y eut une
sorte de pénétration et d’effusion de cœur ardente et naïve comme le
premier baiser que les amoureux échangent au printemps. On vit éclater
alors en Toscane et bientôt dans toute l’Italie une joie exubérante, can-
dide, universelle, qui, sur tous les modes, salua l'art retrouvé. Donatello