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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr.4
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Mantz, Paul: Musée rétrospectif, [2], La Renaissance et les temps modernes: Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués a l'Industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0361

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LA RENAISSANCE ET LES TEMPS MODERNES.

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pendeloque qui représente un A en diamant accosté de deux amorini
d'émail et enchâssé dans une monture d’or ciselé et émaillé : le bijou
est surmonté de rubis qui se disposent à peu près en couronne, et il
se complète par une perle pendante. Ce ravissant joyau aurait appar-
tenu, dit-on, à la femme de Sigismond-Auguste, qui monta sur le trône
en 1548. Par l’exécution, il se rattache au règne de Henri II. On se rap-
pelle peut-être que la collection de M. Pourtalès renfermait un portrait
de femme peint par l’un des Clouet, et que le patient artiste, amoureux
du détail exact, avait suspendu sur la poitrine de son modèle un joyau
qui, comme celui du musée Czartoryski, affectait la forme d’un A. Ici, c’est
le bijou même que nous avons sous les yeux, et le petit monument se
trouve être supérieur à l’image.

A Constance, femme de Sigismond III, proclamé roi en 1587, aurait
appartenu, assure-t-on, la chaîne originale et légère qui, dans la planche
de M. Jacquemart, entoure le médaillon central. C’est encore un travail
du xvie siècle, mais il s’écarte un peu, par sa contexture, des bijoux que
nous connaissons, et, comme la prudence doit être la première vertu du
critique, nous devons déclarer que nous ne sommes pas assuré que cette
chaîne soit un travail français. Aucun doute n’est possible, au contraire,
en ce qui touche l’autre chaîne, où quatre perles enchâssées dans l’or
alternent avec une pierre enfermée dans une sertissure à biseau. Elle a
appartenu, disent les notes qui nous sont communiquées, à Marie-Louise
de Gonzague, qui épousa Vladislas TI1 en 1645. Je n’y contredis point,
mais le bijou est français et du temps de Henri III. Enfin notre bijou-
terie peut réclamer aussi le médaillon circulaire où se lit, dans l’harmo-
nieux enchevêtrement des ors ciselés le chiffre, en émail noir, qui appar-
tint à la fois à Henri II, à sa maîtresse Diane et à sa femme Catherine.
Cette pièce, intacte et neuve comme si elle sortait de l’atelier du mafixe,
est de l’exécution la plus fine et la plus savante. Nous ne croyons pas
d’ailleurs qu’il soit facile de trouver de plus beaux bijoux du xvie siècle
que ceux du prince Czartoryski.

Nous arrêterons ici, pour cette fois, ce catalogue de merveilles. Nous
avons déjà passé bien des heures dans les salles du Musée rétrospectif,
mais les œuvres superbes ou charmantes y brillent si nombreuses que
nous avons à peine accompli aujourd’hui la moitié de notre tâche. Il y
faudra revenir encore, et nous y reviendrons. En un si long travail un
peu de repos est dû au lecteur et peut-être au critique. Ne savons-nous
pas d’ailleurs que ce qu’il y a de mieux écrit dans certaines comédies, ce
sont les entr’actes ?

PAUI. MANTZ.
 
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