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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Jacquemart, Albert: Musée rétrospectif, [3], La Renaissance et les temps modernes: Union Centrale des Beaux-Arts Appliqués à l'Industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0415

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A02

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Rothschild, les cornets de MM. Jarvez et Valpinçon peuvent soutenir la
comparaison des pièces contemporaines d’Urbino.

Cette tyrannie des grands centres est fatale surtout à la connaissance
des produits de certaines usines éphémères peu protégées, et qui doi-
vent, par cela même, exciter la curiosité de l’historien. Nous avions
remarqué dans la vitrine de M. le baron Gustave de Rothschild, deux
gourdes à grotesques d’autant plus intéressantes qu’elles portaient dans
des cartouches le mot Vrbini; combien ne devions-nous pas être satis-
fait de retrouver, chez le même amateur, un beau vase à deux anses for-
mées de serpents, décoré dans le même style et inscrit du nom Pi sa.
Ce spécimen est le seul authentique de l’usine, comme la coupe de
M. Davillier est jusqu’ici le seul monument incontestable de Ravenne.

Que les œuvres de Rimini se confondent avec certains vases d’Urbino,
cela se conçoit à raison de leur synchronisme; les collections Germeau
et Le Carpentier nous offrent des coupes godronnées, du plus brillant
vernis, peintes en couleurs tendres et fluides, qui nous paraissent prove-
nir de cette fabrique; sur la première des deux coupes on voit un guerrier
à genoux recevant les ordres de Dieu, sur l’autre est la manne du désert.

Est-ce à Forli qu’il faut attribuer la charmante coupe où ligure
saint Jérôme méditant dans la solitude? La finesse d’exécution, la
recherche du dessin et l’entourage même de cette coupe en font une
pièce hors ligne ; son pourtour brun est chargé de lignes noires croisées ;
quatre médaillons jaunes, réservés dans ce fond, portent des groupes
d’enfants en camaïeu; enfin, sous la pièce, des rinceaux bleus servent
d’entourage à une coquille univalve placée là comme marque sans doute.
La collection si riche de M. Alphonse de Rothschild peut s’enorgueillir
d’une œuvre aussi exceptionnelle à tous égards.

M. le baron de Schwiter expose un plat de cette fabrique de Chan-
diana qui, seule fidèle au premier mouvement italien, continua d’imiter
les arabesques et les fleurs persanes. La vitrine du même amateur, celles
de MM. Valpinçon, Forget, Gasnault, nous montrent les ouvrages de
Venise, Castelli, Milan, Savone; nous voici en pleine décadence, ou plutôt
l’art va se transformer; il n’est plus question des anciennes écoles; la
fantaisie orientale, les élégances maniérées de Sèvres et de la Saxe vont
s’imposer partout; posons donc la plume, car les yeux encore éblouis
du reflet des maîtres, nous serions injuste sans le vouloir, et nous ins-
cririons des épithètes malsonnantes auprès d’ouvrages qui, dans le nouvel
ordre d’idées, méritent leur part d’éloges.

ALBERT JACQUEMART.
 
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