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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 5
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Blanc, Charles: Grammaire des arts du dessin, 3, Peinture, 8: architecture, sculpture, peinture
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0471

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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN.

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L'angle optique. L’angle dont parle ici Voltaire est l’angle optique.
On appelle ainsi l’angle formé par deux rayons visuels, qui vont du
centre de l’œil aux extrémités de l’objet vu. L’ouverture de l’angle
optique dépend de la distance du spectateur au tableau, car plus un
objet se rapproche de notre œil, plus notre œil s’ouvre pour le voir. Mais
cet angle ne saurait être plus grand que l’angle droit; en d’autres termes,
le plus grand espace que l’œil puisse embrasser est compris dans le quart
de la circonférence. En peinture, toute représentation doit être vue sous
un seul angle optique ou, comme dit Léonard de Vinci, d’une seule
fenêtre : la pittura deve esser vista da una soin fineslra. Par cette fenêtre
de l’œil, notre esprit ne peut embrasser qu’un seul tableau à la fois.
Encore les rayons visuels qui le lui transmettent sont-ils d’une force
très-inégale. Le seul rayon puissant est celui qui est perpendiculaire à
la rétine, tous les autres s’affaiblissant à mesure qu’ils s’éloignent de ce
rayon normal, de sorte que plus l’angle est ouvert par le rapprochement
du spectateur, plus il contient de rayons faibles; plus l’angle se rétrécit
par la distance de l’objet, plus il contient de rayons puissants. Aussi les
personnes, qui ont la vue basse sont-elles portées à cligner les yeux,
afin de concentrer leur vision en rapprochant les rayons extrêmes,
qui sont faibles, du rayon normal, qui est seul fort.

Mais tandis que les rayons obliques deviennent plus faibles, les objets
en s’éloignant se rapetissent, de même qu’ils se décolorent et se con-
fondent. Ainsi, l’homme ne saurait voir dans leur véritable grandeur,
autrement dit, en géométral, que les choses qui sont perpendiculaires à
sa rétine et à la distance voulue, car le géométral, c’est l’image d’un
objet vu par un œil aussi grand que lui, dans sa dimension réelle; tout
ce qui est plus grand que notre œil est vu en perspective, c’est-à-dire
dans sa dimension apparente.

Etrange et bienfaisante illusion, qui témoigne à la fois de notre
petitesse et de notre grandeur! Il n’est sans doute que l’œil de Dieu qui
puisse voir l’univers en géométral; l’homme dans son infirmité n’en
saisit partout que des raccourcis. Toutefois,, comme si la nature entière
lui était soumise, il y promène son regard intelligent, et chacun de
ses mouvements faisant varier son point de vue, les lignes vien-
nent d’elles-mêmes y concourir et lui former un spectacle toujours
changeant, toujours nouveau. La perspective est, pour ainsi parler,
l’idéal des choses visibles, et il n’est pas surprenant que ce vieux maître
italien en ait vanté la douceur. Mais cet idéal, comme l’autre, nous
échappe sans cesse et nous fuit. Toujours à la portée de nos regards, il est
toujours insaisissable. A mesure que l’homme s’avance vers son horizon,

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XIX.
 
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