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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 19.1865

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Nr. 6
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Burty, Philippe: Les gemmes et joyaux de la Couronne au Musée du Louvre
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https://doi.org/10.11588/diglit.18741#0555

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JOYAUX DE LA COURONNE.

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C’est par une épée que commence le livre. En ouvrant l’histoire de
France, n’est-on point assuré de tomber sur le chapitre « betaille ! » C’est
Y Epée de Childéric 1er, fils de Mérovée et père de Clovis, mort en /48I.
Sa forme rappelle le glaive des Romains. Elle fut trouvée le 27 mai 1653,
à Tournay, qui alors n’appartenait point à la France, avec des abeilles
d’or, une boule de cristal et le sceau de Childéric, qui constata l’authen-
ticité de ce peu de poussière qui avait été un roi de France. L’électeur de
Mayence la fit offrir en 1665 par l’empereur d’Autriche à Louis XIV; de
Versailles, elle passa au Cabinet des médailles, entra au Musée des Sou-
verains dont elle inaugura par sa rude beauté la série chronologique. La
tête d’aigle qui termine le pommeau est une restitution proposée à cette
place par M. Jacquemart et acceptée, après démonstration évidente,
par les conservateurs du Louvre. —Nous plaçons ensuite Y Epée de Char-
lemagne, arme puissante, à laquelle son pommeau byzantin donne je ne
sais quelle apparence sacerdotale. Guillaume de Nangis, en 1271, nous
apprend qu’on l’appelait Joyeuse. Pour le sacre de Napoléon Pr, elle a
subi l’injure d’une restauration, et c’est justement la fusée, cette partie
de la poignée qui gardait peut-être l’empreinte de la main de Charlema-
gne, qui a été à nouveau revêtue d’une plaque d’or. — Ne saurait-on rien
de l’histoire, qu’en ajoutant sur une table, à la suite de celles-ci, Y Epée de
François /er, on devinerait trois âges et trois races dans la monarchie
française; les Mérovingiens à demi romains, les Carlovingiens à demi
byzantins, les Valois à demi italiens. Cette vaillante et galante épée, est
une de celles de Pavie, la dernière, celle que dut enfin rendre François Ier,

L’Homme de Marignan, lui qui, toute une nuit,

Poussa des bataillons l’un sur l’autre à grand bruit,

Et qui, quand le jour vint, les mains de sang trempées,

N’avait plus qu’un tronçon de trois grandes épées!

Celle-ci n’avait évidemment guère plus que la poignée, toute faussée
et écaillée, lorsqu’elle arriva à Madrid, où nous l’y avons reprise en 1808.
Mais quelle étrange aberration d’y avoir fait adapter une autre lame anté-
rieure d’un siècle! Imaginez-vous un régiment qui ferait reprendre au
petit point les déchirures d’un drapeau conquis! Craignait-on donc l’élo-
quence d’un tronçon? Le pis est qu’on ne sait qui accuser de ce crime
de lèse-souvenir.

A propos du Vase antique de Sardoine, qui est digne d’avoir été le
pot-à-eau de la toilette d’Alcibiade, M. Barbet de Jouy rappelle la pas-
sion des peuples antiques pour les matières dures et leur habileté à les
tailler. « Les chefs barbares, qui attaquèrent l’empire romain, ajoute-
 
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