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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 25.1868

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Nr. 1
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Grangedor, J.: Le Salon de 1868, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19886#0024

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'18

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

variété du ton local dans les carnations des personnages. 11 y a là beau-
coup d’études partielles dont la précision eût dû être sacrifiée davantage
à l'effet général. Néanmoins, c’est un début remarquable par la con-
science et la tenue dont le peintre a fait preuve.

La Messaline de M. Hector Leroux indique de très-sérieuses connais-
sances archéologiques, et l’ensemble de la scène n’a rien de faussement
dramatique; il est conçu par un esprit distingué qui, comme cela arrive
très-souvent, dépasse le but et, en voulant trop exprimer, devient obscur
ou énigmatique. La tradition légendaire et le problème psychologique
qu’elle soulève à propos des désordres attribués à l’impératrice romaine
sont hors de la portée du peintre, quels que soient son acquit et son habi-
leté. Les sujets où le commentaire devient indispensable sont à éviter.
L’artiste s’y trompe, et la partie éclairée du public raffermit dans son
erreur. Quelquefois la curiosité générale, éveillée ou satisfaite, lui appa-
raît comme un succès universel, et personne n’y a rien gagné. Supposez
un siècle écoulé, et la Mort du maréchal Ney placée dans quelque
galerie de l’Europe : on n’y verra généralement qu’un assassinat commis
dans un lieu désert, par une troupe de militaires chargés d’escorter un
citoyen, et qui se retirent en lançant des regards soupçonneux, comme
s’ils craignaient d’être surpris. Ainsi que cela est arrivé à ceux qui ne se
sont préoccupés que de la lettre du fait historique, M. Gérôme court le
risque de n’être dans l’avenir ni goûté, ni compris; l’ambiguïté même
du parti pris empêchera qu’à ses toiles, si consciencieusement exécutées,
ne s’attache l’intérêt qu’éveille tout document historique utile à consulter.
M. Vibert est bien plus intelligible dans son Couvent sous les armes, bien
qu’il s’agisse là aussi d’un fait exceptionnel. Cependant le côté ridicule
de la scène est trop complaisamment cherché, et ce n’est pas sur ce point
qu’on pouvait insister. Caravage ou Ribeira n’eussent point traité ainsi
ce groupe de moines en armes.

En revanche, le Conventionnel dans son jardin est un excellent spé-
cimen du parti qu’un peintre naturaliste peut tirer de ces physionomies
qui suffiraient quelquefois à caractériser toute une époque. — Et ce n’est
point la fidélité du costume que nous louons ici, c’est au contraire tout
ce qui peut s’en abstraire : on sent qu’une responsabilité pèse sur cette
tête sérieuse sans être austère, et que ce philosophe, homme d’action,
cherche, dans un coin solitaire, un peu d’ombre et de verdure, pour s’y
rafraîchir un moment loin du tumulte des affaires; il lit debout; son
loisir même est laborieux.

Avec une dépense incontestable de science et une fidélité complète
dans le détail, exécuté de plus avec autant d’esprit que de talent,
 
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