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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 5.1872

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Nr. 2
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C., C. de: Vue générale de l'art chinois, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.21407#0133

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VUE GÉNÉRALE DE L’ART CHINOIS.

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des acteurs ambulants viennent donner des représentations au public.
Une cour pour parterre, et quelques aménagements chaque fois impro-
visés à nouveau, voilà ce qui suffit à un public qui, semblable à nos
amateurs de Guignol, n’a pas besoin de confortable pour s’amuser.

En résumé, le contraste entre l’absence d’architecture monumentale
et l’existence d’une architecture domestique très-intéressante ne reste
inexplicable que si l’on veut considérer l’art de l’architecte comme né du
besoin matériel de l’abri. L’empire du Milieu, possédant des matériaux
de toute sorte, avec des climats variés, et d’une extrémité à l’autre
n’ayant qu’un art de caractère identique, il faut bien se demander à
quelle idée cet art répond. Or, l’idée de la maison présente en Chine un
caractère solennel et religieux supérieur à la maison selon nos idées et
nos mœurs. Dans le logis, nous ne cherchons que le confortable plus ou
moins égoïste. Dans la maison chinoise le bien-être n’est rien, le senti-
ment, le respect est tout. La hiérarchie détermine quel rang chacun
doit occuper auprès de la salle des ancêtres. La dignité esthé-
tique de la maison accompagne nécessairement cette loi plus religieuse
des rapports de famille. Voilà comment le talent et l’habileté manuelle,
mis à la disposition de mœurs domestiques stables, appuyées sur le
sentiment filial et sur l’amour de la nature, ont produit le style carac-
térisé et harmonieux de l’habitation chinoise.

N’oublions pas le rôle considérable du jardin. Nous avons coutume de
nommer jardin anglais le jardin réaliste qui représente le paysage natu-
rel, par opposition au jardin architectural symétrique appelé jardin
français. A l’appellation de jardin anglais nous préférerions celle de
jardin chinois, parce que le type en est plus complet. Le dessin, la com-
position y est beaucoup plus effacée que dans le jardin anglais, tel que
nous le disposons, avec des gazons vallonnés d’un vert toujours égale-
ment tendre, des allées serpentines dont le but mal dissimulé est d’éviter
à tout prix la ligne droite, et des massifs régulièrement irréguliers, dont
on n’oublie le plan qu’avec un extrême bon vouloir.

Le jardin chinois, c’est l’imprévu toujours, c’est la nature avec tous
ses contrastes, ses chocs, ses harmonies spontanées, ses couleurs splen-
dides, ses formes et surtout ses proportions qui ne se mesurent pas à la
taille de l’homme. Il ne peut ni ne doit être imité tel qu’il est;-mais
l’ensemble de l’habitation chinoise aurait droit à l’attention réfléchie des
constructeurs européens lorsqu’ils composent une demeure de famille.
L’exemple d’un peuple vraiment artiste, qui a accepté dans une certaine
mesure l’influence du style chinois, sans plagiat, en ne s’appropriant que
ce qui est applicable à d’autres mœurs et à un autre milieu, peut nous
 
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