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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
caricaturales allemandes ont été publiées au long du cours chronolo-
gique des événements et portent parfois des titres empruntés à l’artil-
lerie, ce sont par exemple les Schrapnels, de Dusseldorf, les Zündnadeln
(les aiguilles à feu, celles du fusil Dreyse), de Darmstadt.
Des collections de portraits, des Galeries des acteurs des événements,
des Français dévoreurs de Prussiens, des Suites sur le Retour des Vain-
queurs, de grands albums luxueux comme celui de Y Histoire du Coq gau-
lois, publié à Munich , d’autres plus petits, coloriés, dont quelques-uns
se déplient à la façon de nos à, B, C pour les enfants, toutes les formes,
tous les modes sont employés en Allemagne pour donner issue à la
caricature. On la retrouve sur les pipes en porcelaine et sur les étuis à
cigares en bois. Enfin les. papiers pour enveloppes de cartouches et ceux
qui ont servi à faire des paquets de tabac sont souvent des morceaux de
ces plaquettes et de ces quarts de feuille illustrés de caricatures dont il
a été parlé un peu plus haut.
Dans leurs différents ensembles d’images railleuses, les Allemands
aiment à reproduire Michel, leur type de paysan, et surtout Kustschké, le
type actuellement tout à fait populaire du landwehrmann et par consé-
quent le type national. Dès les premiers jours de juillet, ils les montrent
volontiers livrés aux travaux ou aux plaisiis de la paix, ainsi que le roi
Guillaume qu’on voit buvant sa chope sur un banc des jardins d’Ems,
lorsque soudain l’empereur des Français vient leur chercher, — et ici il
y a un certain comique, — une querelle d'Allemand.
L’image traduit d’autant plus facilement Ce dernier mot qu’il signifie
en même temps arracher une barrière.
On ne s’est pas bien rendu compte en France, du reste , du puissant
sentiment national qne la guerre éveilla de l’autre côté du Rhin.
Il faut bien le dire, une des causes de notre défaite a été la force, la
volonté surtout, que l’explosion de ce sentiment communiqua aux soldats
allemands.
Les journaux illustrés de Bavière, de Saxe, de Prusse, etc., abondent
comme les nôtres, à cette époque, de dessins représentant les troupes
fêtées à leur passage dans les gares, les étudiants, les paysans allant
rejoindre leurs bataillons de landwehr, au milieu des acclamations,, des
embrassades et des pots de bière. Notre ambassadeur, M. Benedetti, fut
le premier en butte à de nombreuses caricatures, dès le commencement
avec M. de Gramont et Émile Ollivier, que la protestante Allemagne du
Nord s’est plu à figurer souvent comme les ministres diaboliques de
l’empereur devenu lui-même un satan. Du reste, la violence des satires
et des attaques du crayon allemand contre Napoléon III et son entourage
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
caricaturales allemandes ont été publiées au long du cours chronolo-
gique des événements et portent parfois des titres empruntés à l’artil-
lerie, ce sont par exemple les Schrapnels, de Dusseldorf, les Zündnadeln
(les aiguilles à feu, celles du fusil Dreyse), de Darmstadt.
Des collections de portraits, des Galeries des acteurs des événements,
des Français dévoreurs de Prussiens, des Suites sur le Retour des Vain-
queurs, de grands albums luxueux comme celui de Y Histoire du Coq gau-
lois, publié à Munich , d’autres plus petits, coloriés, dont quelques-uns
se déplient à la façon de nos à, B, C pour les enfants, toutes les formes,
tous les modes sont employés en Allemagne pour donner issue à la
caricature. On la retrouve sur les pipes en porcelaine et sur les étuis à
cigares en bois. Enfin les. papiers pour enveloppes de cartouches et ceux
qui ont servi à faire des paquets de tabac sont souvent des morceaux de
ces plaquettes et de ces quarts de feuille illustrés de caricatures dont il
a été parlé un peu plus haut.
Dans leurs différents ensembles d’images railleuses, les Allemands
aiment à reproduire Michel, leur type de paysan, et surtout Kustschké, le
type actuellement tout à fait populaire du landwehrmann et par consé-
quent le type national. Dès les premiers jours de juillet, ils les montrent
volontiers livrés aux travaux ou aux plaisiis de la paix, ainsi que le roi
Guillaume qu’on voit buvant sa chope sur un banc des jardins d’Ems,
lorsque soudain l’empereur des Français vient leur chercher, — et ici il
y a un certain comique, — une querelle d'Allemand.
L’image traduit d’autant plus facilement Ce dernier mot qu’il signifie
en même temps arracher une barrière.
On ne s’est pas bien rendu compte en France, du reste , du puissant
sentiment national qne la guerre éveilla de l’autre côté du Rhin.
Il faut bien le dire, une des causes de notre défaite a été la force, la
volonté surtout, que l’explosion de ce sentiment communiqua aux soldats
allemands.
Les journaux illustrés de Bavière, de Saxe, de Prusse, etc., abondent
comme les nôtres, à cette époque, de dessins représentant les troupes
fêtées à leur passage dans les gares, les étudiants, les paysans allant
rejoindre leurs bataillons de landwehr, au milieu des acclamations,, des
embrassades et des pots de bière. Notre ambassadeur, M. Benedetti, fut
le premier en butte à de nombreuses caricatures, dès le commencement
avec M. de Gramont et Émile Ollivier, que la protestante Allemagne du
Nord s’est plu à figurer souvent comme les ministres diaboliques de
l’empereur devenu lui-même un satan. Du reste, la violence des satires
et des attaques du crayon allemand contre Napoléon III et son entourage