Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 5.1872

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Duranty, Edmond: La caricature et l'imagerie pendant la guerre de 1870-1871, [1], en Allemagne, en France, en Belgique, en Italie et en Angleterre
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.21407#0175

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
LA CARICATURE PENDANT LA GUERRE (1 87 0-1871). 167

timbanque avec son fils. Finalement, il s’en retourne à Caprera, pacifi-
quement monté sur un âne.

Lorsque est proclamé l’empire d’Allemagne, une sorte de cri s’élève :
Barbarossa ist erstanden ! Barberousse est ressuscité ! L’esprit germa-
nique s’empare de cette idée, qui caresse son penchant pour les traditions
historiques ; les chants et les images pleuvent.

On sait que, selon la légende, l’empereur Frédéric Barberousse est
endormi au fond d’une caverne, d’où il sortira au jour du réveil pour
reprendre son trône.

Guillaume sera donc le moderne Barberousse, Barbe-Bleue diraient
plutôt les Français.

Les compositions symboliques abondent sur l’empire d’Allemagne
renaissant de la guerre, sortant de la chaudière où les démons français
voulaient le faire périr, marchant triomphalement dans le char de la Vic-
toire, rendant à la patrie l’Alsace et la Lorraine, ou bien traîné par ses
ennemis attachés au joug. A l’arbre de Noël de l’empereur Guillaume
pendent les titres de ses triomphes et la croix de fer instituée pour cette
campagne. Le Kladderadatsch décernera la croix du Saucisson aux non-
combattants. 11 rappellera aussi avec fierté que les temps sont passés
où les papes faisaient faire pénitence pieds nus dans la neige aux empe-
reurs d’Allemagne comme Henri III. Non-seulement Guillaume est Barbe-
rousse, mais il est aussi Charlemagne; il en porte la robe et la couronne.

II est à remarquer que le prince Frédéric-Charles figure à peine dans
tout ce mouvement de l’imagerie. La caricature, du moins, le laisse de
côté ou à peu près. N’est-il donc pas populaire avec sa tête d’étudiant
impertinent? Bismarck et Guillaume, voilà les deux héros du peuple,
ensuite vient le Kronprinz Fritz, puis un peu de Moltke, auquel on fait
écouter le bunnni, bummi des canons.

Le désastre de Bourbaki a donné lieu au Kladderadatsch de repré-
senter Kustschké passant subitement, par-dessus la frontière, à la mère
Suisse et à ses enfants les Cantons, une boîte de 80,000 soldats. Ce
cadeau cause un tel émoi que les Gantons en laissent tomber de grands
fromages qu’ils portent sur leur tète.

Mais l’heure de capituler est venue, l’empereur Guillaume enduche
sous son casque Paris avec ses forts ! Les Prussiens défilent sous l’Arc
de triomphe, qu’ils appellent ironiquement leurs Fourches-Caudines.
Partout s’étale, revient, est reproduite grande, petite, noire, coloriée,
cette image des soldats allemands débouchant par l’Arc de triomphe.

La guerre est finie, les caricaturistes font encore hommage à Bis-
marck de quelques-unes de leurs compositions : il ramène au Reichstag,
 
Annotationen