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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 5.1872

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Nr. 3
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À propos d'un portrait politique
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https://doi.org/10.11588/diglit.21407#0197

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A PROPOS D’UN PORTRAIT POLITIQUE.

'189

bassadeur, lequel me dit que j’avais été cité à comparaître ici par le
Saint-Office ; que, pendant mon absence, Barbe Unge, ma femme, avait
envoyé les citations à Sa Seigneurie; que je devais me présenter ici et
faire ma soumission, ce que j’ai fait. »

Sur la demande qui lui est faite de désigner les gentilshommes à qui
il a distribué des portraits, Thomassin cite, en les estropiant, peut-être
à dessein, une demi-douzaine de noms méconnaissables.

« D. Avez-vous écrit ou fait écrire quelque légende sur le portrait?
— R. Non, seigneur, je n’ai rien écrit sur le portrait, excepté le nom du
peintre, ainsi que me le commanda le seigneur ambassadeur : c’est
Françoys Bunel, peintre D. S. M. F.

« D. Connaissez-vous ce peintre et pouvez-vous dire ce que signi-
fient les quatre lettres D. S. M. F. qui suivent son nom ? — R. Je ne
connais pas le peintre dont le nom se trouve écrit sur le portrait; je ne
sais pas davantage ce que veulent dire les quatre lettres D. S. M. F. Je
n’ai écrit tout cela que sur l’ordre du seigneur ambassadeur.

Le juge revenant sur la question relative à la légende, Thomassin
fait la même réponse ; mais, à une troisième demande, et quand on lui
cite les dépositions des témoins, le pauvre graveur, poussé à bout,
finit par avouer : « Vous me faites ressouvenir, seigneurs, dit-il, que le
seigneur ambassadeur me remit un dimanche deux vers en langue latine
pour les écrire dans l’ovale qui entourait le portrait; il me disait qu’il
voulait les montrer à Sa Sainteté et lui demander si elle consentirait à
cette inscription ; mais je ne me rappelle plus ces vers, parce que je ne
sais pas le latin. »

Évidemment Thomassin cherche à justifier son maître; quant à lui,
son excuse est toute trouvée : il ne sait pas le latin !

Nous connaissions Philippe Thomassin comme un graveur habile, un
homme d’un goût très-sûr et un excellent maître qui forma des élèves
distingués, Callot entre autres ; sa déposition le montre encore intelli-
gent, avisé et fidèle dans ses amitiés. Inutile d’ajouter que le tribunal
l’envoie rejoindre Domenico dans les cachots de l’Inquisition. Le procès-
verbal est signé : Io Philippo Thomassino intagliator, affermo quanto
di sopra scritto.

Heureusement le duc de Luxembourg était là. Francois, duc de
Luxembourg et de Piney, pair de France, avait été député auprès du
Saint-Siège par la noblesse de France et par Henri IV, qui annonçait déjà
son intention de se convertir. L’ambassadeur écrivit au pape une lettre
pressante en faveur des « deux artistes chargés de famille », demandant
leur grâce comme a une faveur très-singulière ». Sixte-Quint lui-même
 
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