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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 5.1872

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Nr. 4
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Müntz, Eugène: Les monuments d'art détruits à Strasbourg
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https://doi.org/10.11588/diglit.21407#0363

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LES MONUMENTS D’ART DÉTRUITS A STRASBOURG. 351

généralement au moyen âge, mais elle portait entre les fleurons de
la couronne une date beaucoup plus récente, 1589, si j’ai bonne
mémoire. Comme elle ne se ressentait pas du style qui régnait à
cette époque à Strasbourg sous l’influence de Tobie Stimmer, de
W. Ditterlin et de quelques autres, il est probable qu’elle n’était que
la répétition littérale d’une bannière plus ancienne et d’un type con-
sacré. D’après l’auteur de Strasbourg illustré, M. Piton, il existait à la
bibliothèque un tableau sur bois, style byzantin, dont elle était une
copie « alsatisée ». Nous croyons que « l’alsatisation » remontait plus
loin, car si elle avait été contemporaine de notre bannière, c’est-à-dire
de la fin du xvic siècle, elle aurait présenté un caractère tout différent.

Ces sortes de monuments étaient fort rares dans une province où
la guerre de trente ans avait accumulé tant de ruines, encore accrues
par les invasions subséquentes des soudards de l’Empire germanique.
Ils personnifiaient aux yeux du peuple la splendeur, l’héroïsme d’un
autre âge, et leur langage pittoresque entretenait dans son cœur le culte
de la patrie et des sentiments généreux. Sans vouloir nous arrêter à de
vaines récriminations, n’est-il pas permis de signaler cette singulière
ironie du sort : les Allemands, ces prétendus restaurateurs de l’ancienne
Alsace, sont précisément les destructeurs de ces vestiges du passé et
brisent le frêle lien poétique qui rattachait encore l’Alsace à l’Alle-
magne? Que leurs professeurs s’évertuent maintenant à inculquer aux
Strasbourgeois l’histoire de leurs ancêtres du moyen âge et de la Renais-
sance, ils ne s’élèveront jamais à l’éloquence de ces reliques patriotiques
et ne prêcheront plus qu’à des sourds.

Les monuments que nous allons aborder présentaient un intérêt plus
général. Quelques-uns brillaient au premier rang et faisaient partie du
patrimoine de l’humanité tout entière. D’autres, plus modestes, remplis-
saient dans la chaîne de la tradition l’office d’anneaux et procuraient à
l’archéologie les matériaux les plus utiles. L’administration strasbour-
geoise des trois derniers règnes ayant négligé de les installer d’une
manière convenable, de les mettre en lumière, de les faire valoir, ils
étaient à peu près ignorés du grand public. Les érudits seuls apprécie-
ront toute l’étendue de leur perte. *

Nous commencerons par le Musée de peinture et de sculpture dont
la destruction a excité les regrets unanimes de tous les amis de l’art.

Trois de ses tableaux, le Mariage mystique de sainte Catherine, at-
tribué à Memling, la Sainte Apolline, du Pérugin1, la Dispute dans un

I. Il en existe une belle gravure au burin par J. Bein. 1842. (Le Blanc, n° 6.)
 
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