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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 5.1872

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Nr. 5
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Ménard, René: Le cercle des Beaux-Arts: exposition de dessins et aquarelles de M. Français
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https://doi.org/10.11588/diglit.21407#0454

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

MO

était on ne peut pas plus heureux. Le talent de M. Français est élégant,
correct, exact, et surtout parfaitement pondéré. Si la réputation du
peintre a grandi sans tapage, sans luttes passionnées autour d’elle, en
revanche elle s’est toujours tenue au-dessus des caprices de la mode et
a été acceptée sans conteste par les doctrines les plus opposées. Il y a
des artistes qui joignent à des qualités réelles des défauts tellement
choquants que leur nom seul provoque des luttes bruyantes, et par cela
même qu’ils ont des détracteurs violents, ils ont aussi des défenseurs
fanatiques. Ces succès à grand orchestre ont à mes yeux de graves incon-
vénients : dans le temps présent, on ne sait jamais au juste si le bruit
qu’ils font est de bien bon aloi, et si en dehors des énormités qui blessent
le bon sens on y trouverait une valeur suffisante pour justifier ces accla-
mations. Lorsqu’on étudie l’histoire de l’art dans le passé, on est frappé
de voir combien le silence se fait vite autour d’œuvres dont l’apparition
avait été saluée avec fracas et qui, bien qu’absolument oubliées depuis,
n’étaient pas dépourvues de valeur. Au contraire, quand nous parcourons
nos musées, nous constatons que les œuvres des. maîtres présentent
rarement ces inégalités et ces bizarreries que la génération militante
accepte avec tant d’indulgence.

Ce qui caractérise les ouvrages de M. Français c’est l’équilibre des
qualités qui constituent son talent et dont aucune ne se trouve en lutte
avec le défaut contraire. Dans les études faites d’après nature, qui
figurent au Cercle des beaux-arts, nous sommes avant tout frappés de la
conscience avec laquelle l’artiste a cherché à traduire les impressions
diverses qu’il a reçues dans des contrées différentes. La campagne de
Rome ou les environs de Paris, les côtes de la Bretagne ou les cascades
de la Suisse, sont tour à tour analysés et rendus avec l’exactitude rigou-
reuse d’un portrait. Chaque localité garde son allure personnelle, et
Partiste semble s’être effacé lui-même pour mieux s’identifier avec la
nature qu’il s’efforcait de représenter.

Les dessins et aquarelles faits en Italie sont les plus nombreux, et
parmi eux on remarque tout d’abord ceux de la campagne de Rome. Cette
contrée, qui forme une partie de l’ancien Latium, a toujours été le pays
de prédilection des artistes. C’est une plaine ondulée, entrecoupée de
ravins profonds et de collines abruptes, inculte et sillonnée de flaques
d’eau. Les montagnes lointaines de la Sabine, les coteaux rocheux ou boisés
qui environnent le lac d’Albano, les silhouettes nettement découpées de
villages admirablement placés, et les souvenirs toujours vivants du
passé, donnent au pays une physionomie grandiose que M.,Français a
parfois rendue avec un rare bonheur. Nous citerons entre autres une
 
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