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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 7.1873

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Nr. 1
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Delaborde, Henri: La gravure florentine au XVe siècle, 1, Les nielles des orfèvres
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https://doi.org/10.11588/diglit.21409#0010

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

essais plutôt que d’en relever les premiers titres. Ainsi, un écrivain hardi
jusqu’à la témérité, Jean-Baptiste Papillon, n’hésitait pas à remonter
« même au delà du déluge » et à rattacher les commencements de la
gravure au temps, assurément peu connu, où les hommes, dit-il, « gra-
vaient sur les arbres l’histoire des sciences et de la religion »1. D’autres,
relativement circonspects, s’en tiennent à l’antiquité romaine ou au bas-
empire et spéculent, faute de mieux, sur certains passages des écrits qu’ont
laissés Pline, Quintilien, Pétrone ou les Pères de l’Église. À d’autres
enfin le moyen âge suffit, il est vrai, mais à la condition d’y recueillir le
pins chétif élément d’information historique aussi pieusement que les
preuves de talent tout à fait significatives; à la condition, par surcroît,
de se donner une ample carrière pour réfuter les arguments produits
avant eux, et de bouleverser de leur mieux la chronologie ou les classi-
fications admises par ceux qui ont traité le même sujet.

Nous ne prétendons nullement ici contrôler ces diverses opinions et
nous aventurer à notre tour dans ces luttes. Ce que nous nous proposons
seulement, c’est d’indiquer quelque chose des progrès accomplis à Flo-
rence vers le milieu du xve siècle, à une époque par conséquent où la
gravure, en tant que procédé matériel, était déjà pratiquée ailleurs, mais
où rien n’était venu encore l’élever au niveau d’un art. Tout en estimant
à leur prix les vieilles estampes xérographiques et les savantes disserta-
tions auxquelles elles ont donné lieu, nous voudrions appeler l’attention -
sur des témoignages plus voisins du beau, sur des monuments intéressant
l’art de plus près, et laisser dans leur âpre majesté archéologique la
Vierge néerlandaise de TAIS, le Saint Christophe allemand de IA‘23 ou
tel autre doyen des monuments de la gravure en relief pour demander
aux premières œuvres de la gravure en taille-douce, aux travaux de
Finiguerra et des siens des enseignements moins équivoques ou des
exemples moins rébarbatifs.

Ne craignons donc pas de le dire, même au risque de scandaliser au
delà du Rhin ou de l’Escaut plus d’une docte conscience, Finiguerra est en
réalité l’inventeur de la gravure, puisqu’il a su le premier en deviner,
en exploiter les ressources et faire ouvertement acte d’artiste là où ses
devanciers, les tailleurs d’images, ne s’étaient montrés rien de plus que
des ouvriers ignorants ou timides. On aura beau produire des documents
inédits, exhumer des pièces et démontrer, preuves en main, que la gra-
vure est d’un usage plus ancien en Europe qu’on ne le croit généralement :
on n’en aura pour cela ni reculé les vraies origines, ni déplacé les pre-

I. Papillon, Traité historique et pratique cle la gravüfe sur bois. T. I, cln i.
 
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