LES CHARITÉS (LES GRACES)
SYMBOLE DU LIEN SOCIAL
Voici un symbole qui a été tellement défiguré
par les mièvreries modernes qu’il faut remonter à
l’étymologie pour en comprendre le véritable carac-
tère : yjxpiç signifie joie, bienfait, reconnaissance,
affection; gratin, en latin, a un sens analogue; en
français, le mot grâce signifie à la fois bienfait et
élégance ; mais on s’est habitué à tort à prendre dans le second sens le
nom de ces Déesses, qui ne sont pas responsables des équivoques de
notre langue. Que le mot charité vienne du latin carilas ou du grec yapiç,
peu importe; il rend seul la pensée de ce symbole sublime et charmant
qui représente à la fois les dons des Dieux et les bénédictions des
hommes, et cet échange de bienfaits et de reconnaissance qui est le
lien de la société et le charme de la vie.
Selon la théogonie d’Hésiode, Eurynomè, la large loi, a pour filles
Aglaiè, Thaliè et Euphrosynè, noms qui expriment la grâce et la beauté
du monde en même temps que la joie et la santé du cœur. Ces trois
sœurs inséparables furent d’abord représentées vêtues ; c’est ainsi que
Socrate les avait sculptées et c’est ainsi qu’elles figurent sur l’autel des
douze Dieux du Louvre, avec les Heures et les Moires1. Ce monument
important a trois faces, dont chacune est séparée en deux bandes. A la
partie supérieure sont les douze grands Dieux, groupés par couples ; une
restauration maladroite a remplacé Apollon et Hèphaistos par deux
figures de femme, ce qui détruit toute la signification de l’œuvre ori-
ginale. Dans la bande inférieure, les Moires ou Destinées, symbole de la
fixité des lois divines, sont caractérisées par leurs sceptres ; leur main
gauche ouverte les a fait prendre pour les Eileithyies, qui favorisent la
1. Clarac, pi. 173, 174.
SYMBOLE DU LIEN SOCIAL
Voici un symbole qui a été tellement défiguré
par les mièvreries modernes qu’il faut remonter à
l’étymologie pour en comprendre le véritable carac-
tère : yjxpiç signifie joie, bienfait, reconnaissance,
affection; gratin, en latin, a un sens analogue; en
français, le mot grâce signifie à la fois bienfait et
élégance ; mais on s’est habitué à tort à prendre dans le second sens le
nom de ces Déesses, qui ne sont pas responsables des équivoques de
notre langue. Que le mot charité vienne du latin carilas ou du grec yapiç,
peu importe; il rend seul la pensée de ce symbole sublime et charmant
qui représente à la fois les dons des Dieux et les bénédictions des
hommes, et cet échange de bienfaits et de reconnaissance qui est le
lien de la société et le charme de la vie.
Selon la théogonie d’Hésiode, Eurynomè, la large loi, a pour filles
Aglaiè, Thaliè et Euphrosynè, noms qui expriment la grâce et la beauté
du monde en même temps que la joie et la santé du cœur. Ces trois
sœurs inséparables furent d’abord représentées vêtues ; c’est ainsi que
Socrate les avait sculptées et c’est ainsi qu’elles figurent sur l’autel des
douze Dieux du Louvre, avec les Heures et les Moires1. Ce monument
important a trois faces, dont chacune est séparée en deux bandes. A la
partie supérieure sont les douze grands Dieux, groupés par couples ; une
restauration maladroite a remplacé Apollon et Hèphaistos par deux
figures de femme, ce qui détruit toute la signification de l’œuvre ori-
ginale. Dans la bande inférieure, les Moires ou Destinées, symbole de la
fixité des lois divines, sont caractérisées par leurs sceptres ; leur main
gauche ouverte les a fait prendre pour les Eileithyies, qui favorisent la
1. Clarac, pi. 173, 174.