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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 7.1873

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Nr. 2
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Les charités (Les Graces) : Symbole du lien social
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https://doi.org/10.11588/diglit.21409#0139

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LES CHARITÉS.

T29

naissance des êtres. Les Heures, c’est-à-dire les Saisons, qui étaient
dans la haute antiquité au nombre de trois, ont pour attributs des
feuilles, des fleurs et des fruits. Les Charités, expression du lien religieux
et du lien politique, marchent en se tenant par la main, ce qui exprime
bien l’idée de la concorde fraternelle nécessaire à toute société.

C’est en raison de ce caractère social que les Charités étaient parmi
les Divinités prises à témoin par les jeunes gens d’Athènes, quand ils
prêtaient serment dans le temple de la Déesse champêtre , en entrant
dans la garde nationale mobile. Voici la.formule de ce serment qui nous
a été conservée par Pollux et Stobée :

« Je ne déshonorerai pas ces armes sacrées; je n’abandonnerai pas
mon chef de fde et mon rang. Je combattrai pour les autels et les foyers,
soit seul, soit avec d’autres. Jé ne laisserai pas ma patrie plus faible
que je ne l’ai reçue, mais plus grande et plus forte. J’obéirai aux magis-
trats qui jugeront selon la justice. Je serai soumis aux lois établies et à
celles que votera la majorité du peuple. Je ne permettrai pas que per-
sonne renverse les lois et leur désobéisse, mais je les défendrai, soit seul,
soit avec tous les autres. Et j’honorerai la religion de mes pères. Soient
témoins les Déesses champêtres, Enyalios, Arès, Zeus, Thallô, Auxô,
Hègémonè. »

Selon Pausanias, les Athéniens nommaient les Charités Auxô et
Hègémonè, les Heures Thallô et Carpô G Tous ces noms sont significa-
tifs, mais il serait superflu de les expliquer ; il suffit de faire remarquer
que parmi les Divinités prises à témoin de ce serment civique, les Heures
et les Déesses champêtres représentent le sol de la patrie, Arès et Enya-
lios la défense nationale et le courage guerrier, Zeus la sainteté du ser-
ment, et les Charités la concorde entre les citoyens.

Quoique Pausanias réduise à deux les Charités athéniennes, il dit
dans un autre passage qu’elles étaient représentées au nombre de trois
devant la citadelle d’Athènes, en compagnie de Télétè, l’Initiation aux
mystères. Ces statues, qu’il attribue à Socrate, étaient vêtues, et une
monnaie athénienne nous les montre à côté de la chouette, attribut
cl’Athènè. Une médaille des Germéniens de Galatie2 porte, au revers de la
tête de Garacalla, les trois Charités vêtues, d’après l’ancien style. Pausa-
nias déclare qu’il ignore qui a introduit l’usage de représenter ces
Déesses nues. « Il ne m’a pas été possible de découvrir, dit-il, quel est

Le texte de Pausanias explique le texte de Pollux, que Samuel Petit a eu tort
de corriger, et moi-même j’ai eu tort d’adopter, dans la Morale avant les philosophes,
les corrections de Samuel Petit.

2. Guigniaut, Nouvelle Galerie mythologique, xci, 41 I.

MI. — 2e PÉRIODE.

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