Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (2.Pér. 7.1873)

L’EXPOSITION DE NANTES

’amour des beaux-arts existe depuis
longtemps au chef-lieu du départe-
ment de la Loire-Inférieure. Comme
Bordeaux en 1690, Nancy en 1702,
Rouen en 1741, Reims en 1748,
Toulouse, Marseille, Lyon, Amiens,
'Valenciennes, Aix, Dijon dans la se-
conde moitié du xviii® siècle, Nantes
ne fonda pas, il est vrai, une Acadé-
mie de peinture et de sculpture; mais
cette ville, au xixe siècle, semble avoir
le pas pour les expositions publiques
d’œuvres d’art. En effet, si Avignon en ouvrit une vers 1828 et Marseille
une autre en 1831, je ne crois pas qu’il y en ait eu dans les départements
avant 1825, époque de la première exhibition nantaise. Ce début, assuré-
ment fort modeste, eut un intérêt tout local et fut sans retentissement
au dehors : trente-quatre artistes seulement y figurèrent avec cent trente-
trois tableaux, dessins, pastels, aquarelles, « tableaux en traits de plume,
en perles, en broderie », dit le catalogue, et dix-sept morceaux de
sculpture. Néanmoins il est juste d’en tenir compte. Les premières expo-
sitions de Paris étaient loin d’être ce qu’elles sont devenues depuis, et
le Salon de 1673, où l’usage des livrets fut inauguré, ne réunissait que
cent quarante-quatre ouvrages de genres différents, déposés par cin-
quante-quatre artistes.

Dès 1827, Nantes procédait à sa deuxième exposition, la troisième
avait lieu en 1832 et la suivante deux ans plus tard. Toutefois ce n’étaient
encore là que des tentatives timides et naïves, attestant, il est vrai, chez
quelques amateurs un penchant assez prononcé pour ces sortes de mani-