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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 7.1873

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Nr. 2
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Delaborde, Henri: La gravure florentine au XVe siècle, 2, Les estampes des peintres-graveurs
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https://doi.org/10.11588/diglit.21409#0106

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98

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

coin de la planche, auxquelles Zani s’efforce vainement de prêter un sens
en rapport avec les noms des emblèmes figurés d’ordinaire par les
cartiers 1 ?

Le plus vraisemblable, à notre avis, est que cette suite où les
savants ont voulu, bon gré, mal gré, reconnaître un jeu de tarots, avait
été publiée, à l’imitation des jeux de tarots, mais à titre de recueil pure-
ment emblématique et moral. Comme les gravures représentant les Pla-
nètes, les prétendues cartes traduisaient sous une forme pittoresque les
croyances astrologiques qui avaient cours alors, et, de plus, en montrant
l’homme dans ses diverses conditions, depuis la plus misérable jusqu’à
la plus haute, en personnifiant les vertus et les arts, les sciences sacrées
et les sciences profanes, elles tendaient à rendre familières au peuple
certaines notions philosophiques, certaines idées élémentaires sur ce qui
mérite d’occuper le cœur ou d’intéresser l’intelligence. N’insistons pas au
surplus. L’opinion que nous venons de proposer a été émise avant nous,
et les arguments dont on l’a appuyée nous interdisent des développements
inutiles 2. La seule tâche qui nous reste est de démêler, s’il se peut, les
origines de l’œuvre et d’en apprécier les caractères au point de vue de
l’exécution même et du talent.

Et d’abord, — n’en déplaise à ceux qui se sont autorisés ou qui
s’autoriseraient de quelques inscriptions en dialecte vénitien 3 pour faire
honneur des estampes dont il s’agit à Venise ou à Padoue, — le goût et

1. Passe encore pour le B, le C et le D, qu’il interprète ainsi : bastoni, coppe et
danciri; mais que faire de la lettre E? Quelque bonne volonté qu’on y mette on ne
saurait y voir l’initiale du mot spada. Aussi Zani prend-il bravement son parti en
supposant que, par je ne sais quel caprice, le graveur italien a eu recours ici à la
langue française. Selon lui, l’E en question veut tout uniment dire épée [Maleriali, etc.,
p. ISO).

2. Voyez dans la Gazelle des Beaux-Arts (t. IX, p. 143) les judicieuses Observa-
tions de M. Emile Galichon sur le recueil d’estampes du xv° siècle improprement
appelé Giuoco di tarocchi. L’auteur de ce travail rapproche ingénieusement les
intentions qu’expriment les compositions gravées du système philosophique qui fait le
fond, comme il détermine les formes, de la Divine Comédie.

3. Zintilomo, Artixan, etc. En admettant, — ce qui est d’ailleurs contestable, —
que ces mots, dans la langue du xve siècle, appartinssent exclusivement au vocabulaire
du nord-est de l’Italie, la question ne se trouverait pas complètement résolue pour cela.
Peut-être l’emploi du dialecte vénitien indiquerait-il, non le pays de l’artiste auteur des
estampes, mais simplement le lieu où celles-ci ont paru. Dans le cas où ces pièces,
œuvres de l’école florentine, auraient été publiées à Venise, il semblerait naturel que,
pour en expliquer les sujets, l’éditeur se fût servi de l'idiome que l’on parlait autour
de lui. Il n’aurait fait, en agissant ainsi, que ce qu’ont fait de nos jours, à Paris, les
éditeurs d’estampes allemandes imprimées avec une lettre française, ou, à Tienne, les
 
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