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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 7.1873

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Nr. 2
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Rayssac, Saint-Cyr de: La correspondance de Henri Regnault
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https://doi.org/10.11588/diglit.21409#0130

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS,

œuvre capitale cle proportion et d’effet. C’est de Tanger qu’au premier
vent de nos désastres Régnault partit pour venir chercher la mort. On le
voit, c’est toute la vie de ce jeune homme : sa vie extérieure avec les
accidents de chaque jour, sa vie intérieure plus importante avec ses
tourments d’artiste, son but, ses efforts et ses effusions juvéniles. Celle-
là surtout nous attache et nous intéresse.

Régnault, comme on sait, ne remporta pas d’emblée son prix de Rome.
Les qualités de convenance et presque de tradition qu’on couronne à
l’École n’étaient point son fait. En 1863 il concourut en vain, et deux ans
plus tard, en 1865, il ne fut pas plus heureux. Mais cette fois son Orphée
redemandant Eurydice aux divinités infernales ne laissa pas que de frap-
per comme une œuvre très-personnelle. —La figure mise en tête de cet
article représente le motif principal de cette composition. Orphée se
dressait ainsi dans sa posture suppliante devant le trône du dieu des morts
entouré d’ombres.— A la troisième épreuve, en 1866, Régnault se décou-
rage avant la clôture du concours et veut y renoncer, lorsqu’une belle tête
de jeune fille rencontrée par hasard dans le monde lui fournit une Thétis
comme il la rêve, et le fait sortir victorieux. Cette Thétis, je la revoyais
naguère dans la très-intéressante collection des prix de Rome que pos-
sède l’École des beaux-arts. Elle est en effet frappante avec son élégant
profil et sa chevelure blonde mal contenue; mais elle l’est surtout par un
certain mordant tout moderne où la mode a sa part et qu’il faut signaler
comme une des affinités de Régnault.

Le jeune lauréat partit pour l’Italie six mois après son succès.

Ses aspirations n’étaient ni mystérieuses, ni compliquées de poésie. 11
les trahit involontairement dès les premières étapes de son voyage à
travers le bonheur et l’admiration bien entendu. Il écrit de Gênes :

« La cathédrale est d’un beau caractère. Ses marbres blancs et
noirs alternés lui donnent une sévérité imposante dans une harmonie
sombre où la plus petite note rouge ou violette prend une puissance
incroyable. »

Et de Florence :

« Les fresques d’Angelico et de Gliirlandaio renferment aussi de bien
belles choses. Ce qui est merveilleux dans les énormes fresques de ces
primitifs, c’est le charme des couleurs et cet harmonieux aspect de tapis-
series. »

Quant à Rome, j’en demande bien pardon à l’éditeur des lettres, mais
 
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