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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 7.1873

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Nr. 2
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Ménard, René: Les portraits dans l'école anglaise
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https://doi.org/10.11588/diglit.21409#0144

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

134

qu’aux moindres détails, sans distraire l’attention que demandent les
traits du visage. "Voilà, et j’en demande pardon à tant de peintres soi-
disant d’histoire, qui, à vrai dire, ne peignent pas mieux l’histoire que
la fable, voilà ce qu’on peut aussi regarder comme des difficultés. J’en-
tends parler de la dignité du genre ; de toutes les dignités, celle-ci est à
mon avis la plus mince. La véritable est celle que l’homme imprime à
son ouvrage ; un genre digne, c’est celui qui est porté à la perfection U »

Le portrait ne reproduit pas seulement les traits ou l’expression de
l’individu représenté, il traduit encore, parla manière dont il est conçu,
posé dans la toile, associé aux accessoires qui lui servent d’accompagne-
ment, les tendances d’une école, le goût d’un pays, on pourrait presque
dire les aspirations d’une race. C’est ce qui arrive pour les portraitistes
anglais, dont les ouvrages sont si peu connus en France; il faut passer
le détroit pour apprendre à les estimer.

Holbein et van Dyck avaient formé des élèves et trouvé des imitateurs
en Angleterre; mais l’école anglaise, au moins dans ce quelle a d’origi-
nal, ne remonte pas au delà d’Hogarth, qui peut en être regardé comme
le père et le fondateur. Hogarth est un moraliste, et c’est surtout d’après
ses compositions à plusieurs personnages qu’il faut le juger. Il avait une
merveilleuse aptitude à saisir la ressemblance et à donner la physionomie
particulière à chacun; seulement, comme son esprit était par-dessus
tout satirique, il était tout d’abord frappé par le défaut ou le ridicule
de son modèle et porté à l’exagérer dans sa représentation. C’était un
miroir, mais un miroir grossissant, et dans un sens contraire à la beauté.
La fameuse théorie de Paillot de Montabert sur les embellissements pro-
portionnels n’était pas encore inventée ; le génie particulier d’LIogarth, qui
d’ailleurs s’y serait peu prêté, n’était pas de nature à procurer à l’artiste
une clientèle bien nombreuse comme peintre de portraits. Néanmoins
son aptitude à saisir la physionomie des gens lui a plus d’une fois rendu
service. Un critique l’avait un jour fort malmené ; Hogarth chercha un
moyen de le voir, et publia les traits de son Aristarque sous forme d’une
caricature qui mit tous les rieurs de son côté, si bien que le malheureux
écrivain se le tint pour dit et ne parla plus du peintre qu’en termes con-
venables. Si nos artistes entraient dans cette voie, et si, pendant le
Salon, par exemple, ils allaient le matin examiner le profil des gens qui
prennent des notes devant leurs ouvrages, il en résulterait pour l’avenir
une collection de portraits qui ne serait peut-être pas dépourvue de
piquant.

U. Revue de Paris, 4 829.
 
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