L’ÉCRITURE ET L’ORNEMENTATION DES CHARTES. 209
donc d’avance sa place marquée dans la diplomatique. Il n’v garda même
pas un rôle subalterne. L’élément pittoresque franchit l’étroite limite de
la lettre initiale; il déborde sur les marges, sur le verso des pièces, par-
tout où il rencontre un endroit favorable pour s’y développer; et alors
il traduit souvent dès le xmft siècle et commente, comme une moderne
illustration, le document qu’il accompagne. Il en résume d’un trait le
contenu; il en donne le sommaire, la cote, comme on dit en termes
d’école. Et cette cote figurée, indispensable à l’intelligence de l’illettré,
est un ornement aux yeux de tout le monde. Le scribe, qui dresse la
liste des chevaliers engagés pour aider le comte de Poitiers dans une
guerre contre le comte de la Marche et le roi d’Angleterre, fait flotter au
revers de ce rôle la bannière du comte Alphonse, frère de saint Louis, sous
laquelle ces chevaliers doivent combattre; elle est partie des armes de
Castille et de France. Celui qu’on a chargé de préparer le projet d’une
bulle contre les hérétiques que le comte de Toulouse sollicite du pape
trace au verso le rapide croquis d’une exécution; c’est un dessin analogue
à quelques-uns de ceux qui nous ont été conservés par l’album de A illard
de Honnecourt.
Ces esquisses ne sont même pas les seules manifestations du désir
qu’on avait de décorer les actes et de préparer l’esprit à leur lecture en
indiquant d’avance aux yeux leur objet. L’art de la miniature, qui s’élève
si haut dans la composition des livres, concourt aussi à décorer les
chartes dès que leur rédacteur lui en laisse le loisir. Il se montre surtout
dans les recueils faits après coup de diverses séries de documents impor-
EXÉCUTION D'UN HÉRÉTIQUE.
Dessin à la plume tracé de 1219 à 1251.
2e PÉRIODE.
27
vu.
donc d’avance sa place marquée dans la diplomatique. Il n’v garda même
pas un rôle subalterne. L’élément pittoresque franchit l’étroite limite de
la lettre initiale; il déborde sur les marges, sur le verso des pièces, par-
tout où il rencontre un endroit favorable pour s’y développer; et alors
il traduit souvent dès le xmft siècle et commente, comme une moderne
illustration, le document qu’il accompagne. Il en résume d’un trait le
contenu; il en donne le sommaire, la cote, comme on dit en termes
d’école. Et cette cote figurée, indispensable à l’intelligence de l’illettré,
est un ornement aux yeux de tout le monde. Le scribe, qui dresse la
liste des chevaliers engagés pour aider le comte de Poitiers dans une
guerre contre le comte de la Marche et le roi d’Angleterre, fait flotter au
revers de ce rôle la bannière du comte Alphonse, frère de saint Louis, sous
laquelle ces chevaliers doivent combattre; elle est partie des armes de
Castille et de France. Celui qu’on a chargé de préparer le projet d’une
bulle contre les hérétiques que le comte de Toulouse sollicite du pape
trace au verso le rapide croquis d’une exécution; c’est un dessin analogue
à quelques-uns de ceux qui nous ont été conservés par l’album de A illard
de Honnecourt.
Ces esquisses ne sont même pas les seules manifestations du désir
qu’on avait de décorer les actes et de préparer l’esprit à leur lecture en
indiquant d’avance aux yeux leur objet. L’art de la miniature, qui s’élève
si haut dans la composition des livres, concourt aussi à décorer les
chartes dès que leur rédacteur lui en laisse le loisir. Il se montre surtout
dans les recueils faits après coup de diverses séries de documents impor-
EXÉCUTION D'UN HÉRÉTIQUE.
Dessin à la plume tracé de 1219 à 1251.
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vu.