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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 1
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Michel, André: Le Salon de 1885, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0011

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LE SALON DE 1885.

7

de MM. Paul Baudoin et Humbert, lauréats pour les mairies de
Saint-Maur et du xve arrondissement.

Les Fiançailles de M. Baudoin se célèbrent en pleine campagne,
dans une jolie lumière blonde; un ouvrier et une jeune paysanne se
rencontrent près d’un puits; elle venait chercher de l’eau, il a quitté
un moment la forge où il travaille : leurs mains se serrent, leur parole
s’échange sous le regard bienveillant des compagnes groupées autour
du puits et du forgeron qui oontinue de battre le fer pendant qu’il est
chaud et de frapper à tour de bras sur son enclume... comme à Gretna-
Green. C’est correct, c’est honnête; mais c’est un peu plat. Il n’y avait
pas assurément à emboucher la trompette épique pour raconter une
aussi simple histoire ; il ne fallait pas oublier toutefois qu’on la
destinait à un lieu public. Une peinture murale est à un tableau de
chevalet ce qu’un discours public est à une conversation intime ou
familière. Gardez-vous de la rhétorique officielle et de l’emphase
académique; mais si vous êtes poète, c’est le cas de le faire voir, et si
vous parlez en prose, que votre style soit sobre et fier.

M. Humbert dans sa Fin de la journée a fait aussi une grande place
au paysage; mais il l’a traité avec plus d’ampleur et de poésie. Il a su
très bien exprimer la solennité douce et l’apaisement de l’heure; les
fonds, où des collines violettes se détachent sur un ciel d’or pâli, enve-
loppent d’une tranquille et fine lumière les robustes silhouettes des
travailleurs qui, la journée finie, vont retrouver à . la maison la
femme et les enfants. On pense à Millet; — on le regrette, mais c’est
quelque chose d’avoir pensé à lui.

M. Aman Jean a su donner une fière allure et très décorative à
une sorte de gavroche mal bâti, qui, une petite barque à la main et
un étendard rouge et bleu déployé au-dessus de sa tète, sjmibolise
Paris. C’est aussi une représentation symbolique de la capitale
qu’a tentée M. Besnard, dans une grande toile hardie, étrange et
troublante, où la fantaisie et la réalité se combinent bizarrement.
Sur les quais, les illuminations font rage; chaque fenêtre a son lam-
pion; les guirlandes de gaz courent follement le long des maisons;
dans l’air bleuâtre de la nuit, montent les vapeurs violacées des feux
d’artifices, les étoiles jaunes, vertes et rouges des chandelles romaines,
les reflets des feux de Bengale; au plus haut des tours de Notre-Dame
qui se dressent dans le ciel, d’autres illuminations s’allument et font
à la cathédrale une double couronne de feu, tandis que, dans un coin
du firmament profond, apparu dans une trouée des fumées épaisses
qui montent de la rue embrasée, veillent de paisibles étoiles. Sur
 
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