LA RÉOUVERTURE
DU
FOYER DE L’OPÉRA ET LES PEINTURES DE M. BÀUDRT.
os lecteurs savent combien de fois nous
avons déploré le lamentable état auquel
les émanations du gaz avaient réduit
les peintures du foyer de l’Opéra. Peu
de mois après l’ouverture du monument
de M. Garnier, une couche de noire
fumée recouvrait l’œuvre entière; le
mal allait croissant de jour en jour et
ces belles pages étaient menacées d’une
destruction complète. En vain pendant
dix ans et plus, ici et ailleurs, poussait-
on le cri d’alarme ; en vain s’indignait-on de voir ainsi sacrifié le
plus grand travail décoratif du xixe siècle. On semblait ne rien
entendre et se résigner à une perte irréparable. Enfin on s’est ému ;
on a compris qu’en un temps où les moindres vestiges de l’art et de
l’histoire sont traités avec une telle vénération, où de lointains mis-
sionnaires vont à grand renfort de fouilles officielles arracher aux
sols antiques leurs moindres richesses, il était d’une choquante incon-
séquence de laisser périr, au cœur même de Paris, le chef-d’œuvre
de l’art contemporain. On les a donc nettoyées, ces peintures noircies
et souillées ; on leur a rendu leur fraîcheur native, leur première
jeunesse; le gaz a été, comme il le méritait, banni du foyer de
l’Opéra et la lumière électrique éclaire sans les brûler ces pages
immortelles.
DU
FOYER DE L’OPÉRA ET LES PEINTURES DE M. BÀUDRT.
os lecteurs savent combien de fois nous
avons déploré le lamentable état auquel
les émanations du gaz avaient réduit
les peintures du foyer de l’Opéra. Peu
de mois après l’ouverture du monument
de M. Garnier, une couche de noire
fumée recouvrait l’œuvre entière; le
mal allait croissant de jour en jour et
ces belles pages étaient menacées d’une
destruction complète. En vain pendant
dix ans et plus, ici et ailleurs, poussait-
on le cri d’alarme ; en vain s’indignait-on de voir ainsi sacrifié le
plus grand travail décoratif du xixe siècle. On semblait ne rien
entendre et se résigner à une perte irréparable. Enfin on s’est ému ;
on a compris qu’en un temps où les moindres vestiges de l’art et de
l’histoire sont traités avec une telle vénération, où de lointains mis-
sionnaires vont à grand renfort de fouilles officielles arracher aux
sols antiques leurs moindres richesses, il était d’une choquante incon-
séquence de laisser périr, au cœur même de Paris, le chef-d’œuvre
de l’art contemporain. On les a donc nettoyées, ces peintures noircies
et souillées ; on leur a rendu leur fraîcheur native, leur première
jeunesse; le gaz a été, comme il le méritait, banni du foyer de
l’Opéra et la lumière électrique éclaire sans les brûler ces pages
immortelles.