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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 1
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Michel, André: Le Salon de 1885, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0018

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LE SALON DE 1885.

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communes de son auteur, qu’une coupable indifférence. Plus d’une
fois, nous y sommes revenu avec le ferme dessein de trouver la
raison, sinon de venir à bout, de cette insurmontable froideur,
et à chaque visite nouvelle nous nous sommes laissé persuader par
un modeste voisin de cette prétentieuse composition, le Jardinage d'au-
tomne de Barau, qu’il n’y a de bon dans ce monde que la sincérité,
qu’un enclos paisible où rit un clair rayon est un bon endroit à
oublier les tueries des harems mauresques... qui n’ont d’ailleurs
jamais beaucoup ému M. Benjamin Constant lui-même. C’est ainsi
que nous nous sommes aperçu que le jury semble n’avoir pas même
remarqué ces paysages deM. Barau. La distribution des récompenses
est toujours riche en surprises : mais celle de cette année restera
à jamais mémorable. Nous avons là-dessus une idée — un idéal!
— qui serait de les supprimer purement et simplement. Mais il
passera beaucoup d’eau devant la Monnaie, qui frappera beaucoup de
médailles, avant que cette réforme soit adoptée. La médaille d’honneur
de M. Bouguereau sera alors cataloguée, au Cabinet national, dans la
série des pièces rarissimes.

M. Berteaux semble vouloir se faire une spécialité de l’histoire au
clair de lune; son tableau : Attentat à la vie de IJoehe (Rennes,
16 octobre 1796) vers le quart moins de neuf heures du soir, est
d’ailleurs excellent, bien composé, original, avec de grandes finesses
et do jolis recherches de tons. Le grand triptyque de M. Béroud
n’est qu’estimable. Ne forçons point notre talent ! Le Tobie de
M. Bramtot est un très bon morceau d’école. Le Saint Julien l'Hos-
pitalier de M. Dawant — voilà un saint qui a de bien grandes
obligations à Flaubert — est un bon tableau, honnêtement, peut-
être trop sagement peint, c’est-à-dire avec une application trop
monotone; le fond du paysage est très bien compris et fort beau. Il
rappelle vaguement d’ailleurs celui si désolé et si poignant du
Pauvre pécheur de Puvis de Chavannes.

A la place de M. Henner, nous appellerions nos tableaux — à la
manière de Whistler— Variations ou Harmonies en noir et en blanc, ou
en rouge et en blanc ou en bleu et en blanc, selon le cas. Il nous semble
qu’en faisant ainsi il éviterait les reproches qu’on lui adresse avec
une persistance croissante de manquer d’imagination. Il ne faut
demander aux gensque ce qu’ils peuvent donner; j’accorde volontiers
qu’IIcnner ne se renouvelle pas assez ; mais ce serait vraiment grand
dommage qu’il n’eût pas paru au milieu de nous. Il poursuit, avec un
entêtement d’Alsacien et une foi d’artiste, la notation d’un certain
 
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