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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
immédiatement l’existence aux savants. C’est faciliter en même
temps, pour l’avenir, la recherche des provenances, question capitale
dans l’étude scientifique de toute œuvre d’art.
J’ai commencé, en 1882, dans la Gazette des beaux-arts, un article
intitulé Y Ancien musée des monuments français au Louvre. J’y parlais
de quelques-uns des monuments transportés de Saint-Denis à Paris
en 1881 et qui ont augmenté d’une façon si heureuse les collections,
jusque là trop restreintes, de la sculpture du moyen âge et de la
Renaissance. Le moment me paraît venu de terminer cette étude et
de livrer au public, même avant l’exposition des pièces, un inventaire
complet du fonds qui s’appellera un jour au Louvre le fonds de Saint-
Denis. Cependant pour ne pas fatiguer le lecteur par une énumération
trop longue, je me bornerai ici à extraire de mon catalogue la
description de quelques-uns des principaux monuments. On trouvera
la preuve de tous les faits que j’avance dans un livre qui sera
prochainement publié.
XIIe ET XIIIe SIÈCLES.
Le précédent article traitait, plus particulièrement, des fragments
d’architecture sculptée recueillisà Saint-Denis. La sériedes sculptures
proprement dites débute chronologiquement par quelques têtes
d’hommes coiffées d’un diadème, la barbe et les cheveux longs, les
3'eux à fleur de tête. Ce sont là des fragments de figures de pierre
appartenant à l’école romane des xifi et xne siècles. Puis nous
rencontrons cinq petites tètes de rois, tètes couronnées, taillées dans
la pierre et mesurant de 19 à 21 centimètres de haut. Spécimens de
l’art de la fin du xnc siècle ou, tout au plus, des premières années du
xme, ces sculptures ne manquent pas d’intérêt ni même de charme
et leur provenance originelle, que je suis parvenu à déterminer,
montre la valeur de notre gratuite acquisition. Ces tètes proviennent,
en effet, de statues représentant les vieillards de l’Apocalypse qui
étaient sculptées à Saint-Denis comme au portail royal de la cathédrale
de Chartres, billes entrèrent au musée des Petits-Augustins en vertu
d’une décision du ministre Quinette. Lenoir en a parlé dans le Musée
des monuments français quand il a dit : « Suger 1 qui a fait construire
cette partie de l’église de Saint-Denis avait fait représenter dans
1. Il va sans dire que je cite Lenoir sans me préoccuper d’apprécier ni de dis-
cuter ses opinions archéologiques.
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
immédiatement l’existence aux savants. C’est faciliter en même
temps, pour l’avenir, la recherche des provenances, question capitale
dans l’étude scientifique de toute œuvre d’art.
J’ai commencé, en 1882, dans la Gazette des beaux-arts, un article
intitulé Y Ancien musée des monuments français au Louvre. J’y parlais
de quelques-uns des monuments transportés de Saint-Denis à Paris
en 1881 et qui ont augmenté d’une façon si heureuse les collections,
jusque là trop restreintes, de la sculpture du moyen âge et de la
Renaissance. Le moment me paraît venu de terminer cette étude et
de livrer au public, même avant l’exposition des pièces, un inventaire
complet du fonds qui s’appellera un jour au Louvre le fonds de Saint-
Denis. Cependant pour ne pas fatiguer le lecteur par une énumération
trop longue, je me bornerai ici à extraire de mon catalogue la
description de quelques-uns des principaux monuments. On trouvera
la preuve de tous les faits que j’avance dans un livre qui sera
prochainement publié.
XIIe ET XIIIe SIÈCLES.
Le précédent article traitait, plus particulièrement, des fragments
d’architecture sculptée recueillisà Saint-Denis. La sériedes sculptures
proprement dites débute chronologiquement par quelques têtes
d’hommes coiffées d’un diadème, la barbe et les cheveux longs, les
3'eux à fleur de tête. Ce sont là des fragments de figures de pierre
appartenant à l’école romane des xifi et xne siècles. Puis nous
rencontrons cinq petites tètes de rois, tètes couronnées, taillées dans
la pierre et mesurant de 19 à 21 centimètres de haut. Spécimens de
l’art de la fin du xnc siècle ou, tout au plus, des premières années du
xme, ces sculptures ne manquent pas d’intérêt ni même de charme
et leur provenance originelle, que je suis parvenu à déterminer,
montre la valeur de notre gratuite acquisition. Ces tètes proviennent,
en effet, de statues représentant les vieillards de l’Apocalypse qui
étaient sculptées à Saint-Denis comme au portail royal de la cathédrale
de Chartres, billes entrèrent au musée des Petits-Augustins en vertu
d’une décision du ministre Quinette. Lenoir en a parlé dans le Musée
des monuments français quand il a dit : « Suger 1 qui a fait construire
cette partie de l’église de Saint-Denis avait fait représenter dans
1. Il va sans dire que je cite Lenoir sans me préoccuper d’apprécier ni de dis-
cuter ses opinions archéologiques.