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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 1
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Magne, Lucien: Le vitrail, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0067

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

son application logique aux besoins, aux idées de chaque peuple.

L’art n’est que l’expression la plus élevée de ces idées et de ces
besoins; il ne peut d’ailleurs exister sans tenir compte des matériaux
mis en œuvre et des formes qui leur conviennent; enfin toute œuvre
d’art doit avoir une destination. Voilà sans doute des vérités élémen-
taires ; mais elles sont si souvent méconnues qu’elles devraient être
souvent répétées.

Par leur isolement, les arts n’ont point bénéficié des ressources
de la science moderne. Au contraire, les découvertes scientifiques
semblent n’avoir servi qu’à dissimuler les matériaux employés. La
tapisserie n’est le plus souvent que la copie coûteuse d’un tableau
toujours inférieure à l’original et dont le principal mérite est de cacher
le travail de la laine par la multiplicité des nuances. On donne au
zinc l’aspect du bronze, au plomb les formes de- la pierre, au fer les
ornements de la fonte et les assemblages du bois.

Ces erreurs tiennent certainement aux défauts de l’enseignement :
elles ne seraient pas commises si l’enseignement général des arts,
c’est-à-dire l’enseignement de l’architecture, déterminait les formes
logiques propres à chacun des éléments décoratifs d’une œuvre; si les
jeunes gens apprenaient, sur les bancs mêmes de l’école, qu’il n’est
point d’œuvre durable en dehors de la raison et qu’un carton ne peut
pas servir indifféremment à l’exécution d’un vitrail ou d’un tableau.

Jamais, à aucune époque, l’enseignement général ne fut plus
nécessaire. Les connaissances humaines se sont tellement étendues
qu’un seul homme ne peut suffire à tout concevoir et à tout exécuter.
L’œuvre d’art tend donc à devenir une œuvre collective. L’artiste qui
compose le carton est très rarement celui qui exécute le dessin sur
le verre et, si l’on ne peut éviter cette collaboration, il est au moins
indispensable que le carton soit composé en vue de la destination du
vitrail, que la mise en plomb fasse partie du dessin, que les colorations
soient étudiées à l’avance pour une harmonie de tons translucides,
que l’artiste enfin ne reste étranger à aucune partie de son œuvre.

Nous traversons en ce moment une période de transition. De
grands efforts sont faits pour reconstituer cette unité d’enseignement
qui est nécessaire à l’unité des œuvres, et ces efforts ne seront pas
stériles. Le vitrail, qui est un des éléments décoratifs de l’architec-
ture, ne peut renaître qu’avec elle et l’art moderne s’est affirmé déjà
par des œuvres qui donnent l’espoir d’une prochaine renaissance.

LUCIEN MAGNE.
 
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