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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 1
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Darcel, Alfred: Louis Steinheil
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0069

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62

GAZETTE DES BEAUX-AliTS.

de la botanique. Et il n’est pas certain que ce ne fut pas de ce côté-là
qu’il se dirigea tout d’abord. Mais le goût de l’art le sollicitant éga-
lement, il profita de ses relations avec le botaniste Joseph Decaisne,
pour entrer, vers seize ans, dans l’atelier du peintre, son frère. Il dut
néanmoins faire l’école buissonnière parmi les plates-bandes du
Jardin des Plantes, ainsi que le montrent certains de ses travaux.

Toujours est-il qu’il étudiait le dessin et la peinture lorsqu’il
assista, avec une curiosité d’artiste, à la Révolution de 1830 qui lui
sembla le spectacle le plus plaisant du monde, avec ses barricades
faites de pavés et d’arbres couverts de frondaisons, sous le gai soleil
de juillet, au milieu d’un enthousiasme qui en est resté pour nous le
caractère essentiel.

Mais le peintre Henri Decaisne n’était point un romantique assez
sincère pour L. Steinheil, qui fut l’un de ceux qui, en 1831, détermi-
nèrent David d’Angers à ouvrir un atelier où se rencontrèrent la
plupart des artistes qui, s’étant insurgés contre l’enseignement acadé-
mique, faisaient leurs études un peu partout, sauf à l’École ; dessi-
nant ce qu’en ce temps-là on y défendait de regarder et, à plus forte
raison d’étudier; allant même jusqu’à tenter d’incendier cette École
abhorrée qui, heureusement, ne prit pas feu; mais on ne se fit pas
faute d’en briser les quinquets.

Vers 1833, L. Steinheil et M. E. Meissonier, s’étant rencontrés, se
lièrent et, associant leurs misères, vécurent plusieurs années ensem-
ble avec des recettes fixes de 31 francs par mois, pour tous deux. Si,
avec cinquante centimes par tète, les deux amis déjeunaient rare-
ment, ils ne dînaient pas tous les jours. Mais comme leur temps
n’était guère précieux, ils le gaspillaient gaiment, explorant et
découvrant la banlieue qui était loin de l’Arcadie des peintres alors
en faveur. On travaillait cependant. M. Meissonier rapportait de
la Bibliothèque des motifs de sujets de sainteté, et l’on en faisait de
ces petites images dont les éditeurs de la rue Saint-Jacques avaient
en ce temps-là la spécialité. Cela se vendait un franc pièce, et deux
francs lorsque L. Steinheil y avait ajouté un entourage de plantes
ou de fleurs. C’était Trimolet, encore plus malheureux qu’eux,
— car il était maladif, — qui, ayant été admis dans leur société,
était chargé du placement des bienheureuses images destinées à
apporter un appoint nécessaire à la caisse souvent vide. Mais la
vente n’allait pas toujours. Vers 1836, les deux amis se séparèrent,
allant chacun de son côté, et, deux ans après, Louis Steinheil entra
dans cette fameuse association dont on a tant parlé.
 
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