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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Rubens, 13
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0118

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RUBENS.

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sérieuses, on n’a que faire d’un peintre. Mais cet avis, étonnant sous
la plume d’un compatriote de Titien, n’était pas celui de tout le
monde. Le même jour (3 février 1633), William Boswell, envoyé
d’Angdeterre, mande à son correspondant que les députés de Bruxelles
n’ont pas voulu du concours de Rubens parce que, ayant plus d’esprit
qu’eux tous, more sperit then any mernbcr of them, il a éveillé leur
jalousie. Boswell a l’air d’avoir raison.

Sauf cet épisode désagréable, Tannée 1633 est, dans la biographie
de Rubens, une année sans aventure. Aux derniers jours de l’hiver,
il perdit son fidèle graveur Boece de Bolswert, le maître qui a tant fait
pour sa gloire. Le 12 juillet, la maison d’Anvers s’emplissait de joie
à propos de la naissance d’un fils (François), et le 1er décembre c’était
le tour du deuil : car c’est ce jour-là que mourut une femme qui avait
beaucoup aimé Rubens et à laquelle il était profondément attaché,
la sérénissime infante Isabelle.

Cette disparition entraînait un grand changement dans l’adminis-
tration des Pays-Bas espagnols. Philippe IY avait depuis longtemps
compris qu’une tante de soixante-sept ans ne saurait être éternelle :
il ne fut point pris au dépourvu. Il avait un frère, Ferdinand,
qui était à la fois homme d’épée et homme d’église, car il fut arche-
vêque de Tolède et cardinal, et c’est lui que les historiens appellent
le cardinal-infant ; mais, malgré la diversité de ses titres, le prince
fut moins prêtre que soldat et, dans le portrait du Louvre, Gaspard
de Crayer nous le montre à cheval, revêtu d’une armure et portant
le bâton de commandement que les peintres prêtent aux conduc-
teurs d’armées. Nommé gouverneur des Pays-Bas espagnols à la
mort d’Isabelle, Ferdinand s’embarqua à Barcelone et se dirigea
vers la Flandre en suivant le chemin des écoliers. Il fit la guerre en
route et ayant conquis à Nordlingue, le 7 septembre 1634, des lauriers
dont ses panégyristes font un grand étalage, il consacra la fin de
Tannée et les premiers mois de Tannée suivante à visiter en victo-
rieux les principales villes de son gouvernement : le 4 novembre, il
entrait solennellement à Bruxelles; au mois de mai 1635, il arrivait
à Anvers. De là de très belles fêtes, d’innombrables arcs de triomphe
et beaucoup de peintures.

A ce moment et lorsque le prince Ferdinand vint le voir, Rubens
était retenu chez lui par un accès de goutte, mais il avait l’esprit fort
éveillé ; il était heureux d’avoir terminé avec Jordaens les décorations
de la salle des banquets de White-Hall qui, roulées dans de vastes
caisses, venaient d’arriver en Angleterre, et il ne demandait qu’à
 
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