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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

DOI issue:
Nr. 2
DOI article:
Michel, André: Le Salon de 1885, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0130

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LE SALON DE 1885.

m

bronze ; la silhouette est d’un dessin élégant et sévère et la déesse
indifférente et impassible s’avance, le glaive à la main, sans regarder
à ses pieds ses victimes, poussée par une loi fatale.

Nous avions déjà vu en plâtre, au Salon de 1883, la Jeunesse de
M. Antonin Cariés. Elle nous revient aujourd’hui revêtue de la
candeur du marbre pur dont elle était si digne. Nue, toute droite,
dans sa grâce un peu raide, digne de se mêler au cortège du Printemps
de Botticelli, regardant vaguement devant elle, elle nous offre dans
sa main tendue, comme une promesse et comme une énigme, une
petite fleur cueillie aux coteaux de Fiesole.

Le modèle du Réveil d'Aclam de M. Daillon avait aussi figuré à
une précédente exposition. Nous louerions davantage cette belle
étude, d’une facture large et magistrale, si nous pouvions y découvrir
le gage d’un talent original. En allant chercher chez Michel-Ange
le thème de son œuvre et en exposant en même temps le groupe
médiocre et prétentieux du Bonheur, M. Daillon nous condamne à
une pénible, mais nécessaire réserve. Il serait vraiment dommage
qu’avec tant de talent il n’eût rien de personnel à nous dire. On
lui a décerné une bourse de voyage ; espérons qu’il nous rapportera
autre chose que des souvenirs.

Il y a plusieurs hommes dans M. Dalou : un amant passionné de
la vie, au talent fougueux et nerveux, capable de modeler le bas-relief
de Mirabeau — une des belles œuvres de la sculpture moderne — et le
tombeau de Blanqui, couché comme Cavaignac dans son linceul,
vieux lutteur mystique, ascète révolutionnaire, dont le visage garde
jusque dans le repos suprême la trace des combats et des orageux
souvenirs de la vie. A côté de ce chercheur, plein d’austère passion,
on est surpris de trouver chez M. Dalou un rhéteur aux amplifications
ronflantes, cousin de Baccio Bandinelli. Son projet pour le monument
Gambetta était, à ce point de vue, plein de révélations curieuses.
Dans son Cortège de Silène, exposé au Salon de cette année en même
temps que le tombeau de Blanqui, il se montre à nous comme un
admirateur de Carpeaux, mais d’un Carpeaux gras, élève de Jordaens.
Silène, à califourchon sur un âne, s’avance secoué par un large rire
et par les ruades de sa monture : des bacchantes s’empressent autour
de lui : l’une retient l’âne par le museau, une autre s’étale par terre
et roule au milieu des grappes écrasées et des paniers renversés. De
chaque côté du vieil ivrogne, un satyre et une grosse nymphe le
maintiennent à grand’peine en équilibre, tandis qu’un vieux Sylvain,
placé derrière lui, l’accote dos à dos et le soutient en riant. Tous
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XXXII.
 
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