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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 2
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Bonnaffé, Edmond: Études sur le meuble en France au XVIe siècle, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0149

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140

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

travaille à perfection ; les charpentes de ses halls sont renommées.
Il est resté Gothique de cœur; il en a l’esprit pratique, substantiel,
amoureux du confort large et solide. La Renaissance est un caprice
de grand seigneur, une mode qu’il subit sans enthousiasme, avec
esprit de retour; elle ne pénètre pas, elle se juxtapose. L’École
anglaise n’a pas l’unité, l’assimilation des écoles en pleine possession
d’elles-mêmes, qui savent choisir à point dans les éléments nouveaux,
les combiner savamment, pour en former un art neuf, rajeuni et
pourtant national. Son caractère est tantôt de l’italien germanisé,
tantôt du flamand bâtard, avec une pointe d’anglicisme dans les
costumes et dans les tètes ; car, suivant une remarque de M. de
Laborde, l’Anglais, qui est un insulaire, copie exclusivement les
types et les physionomies do son pays.

A la fin du xvic siècle, à l’apogée de ce que nos voisins appellent
Elizabethan style, il est encore assez difficile de distinguer les boi-
series sortant des ateliers indigènes, et celles fabriquées par les Fla-
mands réfugiés en Angleterre. L’École anglaise est plus rude, plus
matérielle, très inférieure dans le dessin des figures; elle affectionne
les attitudes grotesques, les compositions bizarres, l’ornementation
excessive, surabondante. Pourtant l’ensemble a de la tenue, un certain
air de grandeur somptueuse qu’on ne peut méconnaître. In; chêne est
son bois favori; elle emploie quelquefois le poirier, l’ébène et la mar-
queterie. Les vieux inventaires mentionnent des meubles de cyprès.

Les Flandres accueillirent la Renaissance à bras ouverts. Le
Flamand est très artiste et très commerçant, à la façon des Vénitiens.
Il sait par expérience ce que rapporte la culture bien entendue de
l’art, et s’arrange pour battre monnaie le mieux possible avec son
talent. Qu’une mode nouvelle se montre à l’étranger, il la guette,
s’en empare, se l’assimile, d’abord pour ne pas se laisser distancer
par la concurrence, ensuite pour racheter, par le stj'le et l’idéal qu’il
emprunte au dehors, ce que son génie livré à lui-même peut avoir
d’un peu trivial. La Renaissance trouvait en Flandre un sol préparé
de longue main par les princes de la maison de Bourgogne, élevés à
la cour de France, passionnés pour le luxe et pour les belles élé-
gances. Marguerite d’Autriche continua ces traditions intelligentes et
favorisa le mouvement par son exemple, son goût et ses libéralités.
Corneille Floris introduit l’ornementation italienne â grotesques et
à broderies; Pierre Coeck, architecte et peintre de Charles-Quint,
traduit et popularise les œuvres deVitruve et de Serlio ; des graveurs
habiles approvisionnent les ateliers de modèles nouveaux; et les
 
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