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PltUD’JION ET SA FAMILLE.
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n’apporteroit d’opposition à ce qu’il pût tenir sa promesse... » Mais
différentes ventes de tableaux, et notamment celle de la Vénus, ont
manqué, un acquéreur a fait faillite, l’ouverture du Salon a été diffé-
rée. .. « Ainsi, tu vois combien de tourments pour qu’on puisse effectuer
ce que nous désirons avec empressement! C’est la peine de cette fin
d’année qui recommencera avec l’autre. Aussi le petit boni de santé
de la campagne ne s’est-il pas soutenu; c’est-à-dire un peu moins de
maigreur de ton père. Il est redevenu le même, a}rant su, à son retour,
qu’il ne pouvoit plus se flatter d’être tranquille de ce côté. Mais son
courage et sa résignation font qu’il ne se ralentit pas à l’égard du
travail qui lui donne l’espoir d’arriver à son but avec quelques amélio-
rations de temps. Patience, mes bons amis ; plaignez-nous et aimez-nous
toujours... père et amie. C. Mayer. »
Le post-scriptum de cette première épitre, tout empreinte de
tristesse, donne déjà quelques indices de découragement : « Nous
vous remercions tous les deux de vos vœux de bonne année. Peut-être,
car il faut toujours espérer! serez-vous exaucés. Mais ce que nous
désirons de cœur, également pour vous, c’est la réalité et l’accomplis-
sement de nos souhaits de prospérité pour cette année, prélude de
celles que vous devez parcourir. Qu’elles ne soient pas semées des
écueils que tant d’autres rencontrent dans leur vie ! »
Et, comme si Mlle Mayer eût craint l’impression pénible de sa
*
dernière phrase : « Ecrivez-nous de suite, conclut-elle, pour nous
instruire si vous n’ètes pas trop tourmentés tous les deux de ce que je
viens de vous marquer. »
La lettre du 15 janvier 1821 témoigne des mêmes soucis d’argent.
Sur la nouvelle que le ménage attend avec impatience le complément
de la dot, 5,000 francs... « malgré l’intérêt (pii est une augmentation
de la somme... ; pour le reste, ajoute M"e Mayer, il faudroit pouvoir
prendre patience... Les chairces ne seront peut-être pas si fâcheuses
qu’elles le sont dans ce moment; car ton pauvre père ne cesse d’avoir
des fatigues d’esprit qui, je crains toujours, n’altèrent trop lephysique.
Il a tant besoin de sa santé pour atteindre au but de faire face à tout. »
Dans l’épître suivante (0 février 1821), Ml,e Mayer annonce à
M. Deval l’envoi de 5,000 francs payables chez le receveur général du
département. Il serait impossible à M. Prud’hon de fixer aucune
époque pour les 5,000 francs restants; les circonstances qu’il traverse
étant des plus critiques, par suite de la banqueroute d’un marchand
do tableaux, d’une pension à servir à sa femme et des examens de
médecine de son fils Hippolyte. «... En plus, poursuit M"e Mayer, et
PltUD’JION ET SA FAMILLE.
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n’apporteroit d’opposition à ce qu’il pût tenir sa promesse... » Mais
différentes ventes de tableaux, et notamment celle de la Vénus, ont
manqué, un acquéreur a fait faillite, l’ouverture du Salon a été diffé-
rée. .. « Ainsi, tu vois combien de tourments pour qu’on puisse effectuer
ce que nous désirons avec empressement! C’est la peine de cette fin
d’année qui recommencera avec l’autre. Aussi le petit boni de santé
de la campagne ne s’est-il pas soutenu; c’est-à-dire un peu moins de
maigreur de ton père. Il est redevenu le même, a}rant su, à son retour,
qu’il ne pouvoit plus se flatter d’être tranquille de ce côté. Mais son
courage et sa résignation font qu’il ne se ralentit pas à l’égard du
travail qui lui donne l’espoir d’arriver à son but avec quelques amélio-
rations de temps. Patience, mes bons amis ; plaignez-nous et aimez-nous
toujours... père et amie. C. Mayer. »
Le post-scriptum de cette première épitre, tout empreinte de
tristesse, donne déjà quelques indices de découragement : « Nous
vous remercions tous les deux de vos vœux de bonne année. Peut-être,
car il faut toujours espérer! serez-vous exaucés. Mais ce que nous
désirons de cœur, également pour vous, c’est la réalité et l’accomplis-
sement de nos souhaits de prospérité pour cette année, prélude de
celles que vous devez parcourir. Qu’elles ne soient pas semées des
écueils que tant d’autres rencontrent dans leur vie ! »
Et, comme si Mlle Mayer eût craint l’impression pénible de sa
*
dernière phrase : « Ecrivez-nous de suite, conclut-elle, pour nous
instruire si vous n’ètes pas trop tourmentés tous les deux de ce que je
viens de vous marquer. »
La lettre du 15 janvier 1821 témoigne des mêmes soucis d’argent.
Sur la nouvelle que le ménage attend avec impatience le complément
de la dot, 5,000 francs... « malgré l’intérêt (pii est une augmentation
de la somme... ; pour le reste, ajoute M"e Mayer, il faudroit pouvoir
prendre patience... Les chairces ne seront peut-être pas si fâcheuses
qu’elles le sont dans ce moment; car ton pauvre père ne cesse d’avoir
des fatigues d’esprit qui, je crains toujours, n’altèrent trop lephysique.
Il a tant besoin de sa santé pour atteindre au but de faire face à tout. »
Dans l’épître suivante (0 février 1821), Ml,e Mayer annonce à
M. Deval l’envoi de 5,000 francs payables chez le receveur général du
département. Il serait impossible à M. Prud’hon de fixer aucune
époque pour les 5,000 francs restants; les circonstances qu’il traverse
étant des plus critiques, par suite de la banqueroute d’un marchand
do tableaux, d’une pension à servir à sa femme et des examens de
médecine de son fils Hippolyte. «... En plus, poursuit M"e Mayer, et