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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 3
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Lafenestre, Georges: Le Musée de Harlem, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0213

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LE MUSÉE DE HARLEM.

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c’est que cette évolution de Frans Hais commence avant l’appari-
tion du jeune Rembrandt dont le génie expressif et concentré eut sans
doute, plus tard, quelque action en retour sur le vieux praticien,
mais qui, à cette époque, débutait seulement à Leyde par des imita-
tions de Eastman et de Pinas.

Les Portraits dAlbert Van Nierop et de Cornelia Van Nierop, de
1631, plus négligés que le Portrait de Van Beresteyn, le rappellent
d’ailleurs de très près par la gravité calme des attitudes, la saillie
puissante de la tète et des mains, la subordination savante des acces-
soires, le parti pris des gammes sombres et restreintes, les largeurs
grasses de la touche, les rougeurs brunes des carnations, les réso-
nances de tons exquises et profondes dans les noirs des vêtements
et dans les blancs des lingeries. Il est heureux que ces deux toiles
soient entrées récemment au Musée d’IIarlem; elles y montrent le
chemin parcouru par le peintre entre 1627, date des deux Repas
d officiers si brillants dont nous avons parlé plus haut, et 1633, date
de la Réunion des officiers des archers de Saint-Adrien. Ce dernier
ouvrage est admirable, d’aspect moins éblouissant, mais de style
plus ferme, et forme un contraste instructif avec les précédents.
A mesure que, chez Hais, le portraitiste se fortifie, s’enhardit,
s’élève, le compositeur s’atténue, se néglige, s’oublie. 11 semble
vraiment qu’il ne puisse mener de front, comme le devait faire
Rembrandt, la recherche de la vérité et celle de la mise en scène
ou qu’il porte à l’excès le dédain naturel d’une âme ardemment éprise
de la figure humaine pour tous les artifices qui en peuvent altérer la
réalité vive et l’expressive simplicité ! Cette indifférence pour l’unité
d’action et pour l’action même commence d’apparaitre dans cette
Réunion. Les quatorze personnages s’y divisent, pour la seule com-
modité du peintre, en deux groupes juxtaposés, formant deux scènes
absolument séparées, dans un jardin verdoyant. Qu’on n’y cherche
plus l’animation joviale, les allures familières, les visages allumés
dos festoiements d’autrefois, dans les petites salles ensoleillées,
autour d’une table chargée d’argenteries étincelantes et de victuailles
pantagruéliques! Quelque chose de plus grave se respin4 ici dans une
atmosphère plus lourde. L’artiste a mûri ; ses compatriotes se rangent.
C’est l’heure où les républicains de Hollande, engagés de toutes
parts dans de grandes affaires, soit de guerre, soit de commerce,
considèrent le présent avec inquiétude et préparent l’avenir avec
prudence. Le costume par degrés s’adapte4 à la sévérité des mœurs.
Toutes les fanfreluches chères aux générations précédentes, tous les
 
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