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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 3
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Bonnaffé, Edmond: Études sur le meuble en France au XVIe siècle, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0235

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224

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

et de correction. 11 relève de Pierre Lescot par la distinction de la
forme, la pureté des profils, l’équilibre et l’harmonie des parties;
de Jean Goujon par la grâce allongée des figures, le goût et l’esprit
des ajustements. Originaire de Fontainebleau, remanié, refondu,
transformé par nos maîtres, il nous appartient en propre et l’on
chercherait en vain son rival en Italie ou ailleurs. Les bas-reliefs
sont méplats, les arêtes nettement tranchées, les profils sobres et
généralement vierges de tout ornement, les colonnes fines, unies ou
légèrement cannelées; peu ou point do cariatides; les panneaux
maintenus par des cadres à moulures, les assemblages d’onglet, les
coupes traitées à perfection, fa et là des touches d’or, des incrustations
de pâte ou de marbre, égayent discrètement la tonalité un peu
sévère du noyer.

Avec Charles IX et Henri III, le type reste excellent, mais plus
riche, plus à l’effet. La sculpture est abondante, les moulures gravées,
les ornements brettelés; les reliefs ont plus d’accent. C’est le règne
des cariatides, des termes, des satyres et des chimères, que l’artiste
multiplie avec une aisance, une imagination inépuisables. Ducer-
ceau dessine pour les ateliers des arrangements nouveaux, des
combinaisons parfois singulières, mais toujours d’une grande
ingéniosité. On prodigue la dorure et l’argenture : « Quant aux
meubles de bois, écrit un contemporain ', nous voulons qu'ils soient
tous dorés, argentés et marquetés. »

L’industrie du meuble, arrêtée dans son essor par les guerres
civiles et religieuses, reprend haleine sous Henri IV. Les échantillons
sont un peu lourds et chargés, mais d’une grande tournure encore
et d’une belle exécution. Les colonnes trop longues, unies ou entourées
de feuillage et montant jusque sous la corniche, les panneaux à
cavaliers, les termes à moustaches, les incrustations de nacre et de

minces filets de cuivre appartiennent à cette période.

Au début du xvn° siècle, Marie de Médicis nous amène les Italiens
de la décadence, avec leur goût bizarre, leur abus des décorations
théâtrales et compliquées, leur passion de l’ébène et des bois de
couleur. Le mérite de l’ouvrage ne consistera plus dans le modelé
des reliefs, la variété des plans et le jeu des ombres, mais dans la
nuance et la rareté de la matière. L’art du meuble change complè-
tement de physionomie : on renonce aux panneaux d’assemblage pour
revenir aux surfaces planes qui permettent le placage en feuilles

1. Lie des Hermaphrodites.
 
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