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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 4
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Lavoix, Henri: La collection Albert Goupil, 2, L'art oriental
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0320

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

faïences. » Ibn-Batoutah écrivait cent ans plus tard, en 1326, « la cour
de la mosquée Djamy de Bagdad, est pavée en marbre et les murs sont
revêtus de kaschany ». A Mesched-Aly, il prend cette note : « Les mu-
railles du couvent sont revêtues de cette sorte de faïence appelée
Keschuny, et qui ressemble à notre Zilidj du Maghreb. » Les maisons
de Réy étaient couvertes de ces briques enduites d’un vernis brillant
et azuré. Je m’étonne qu’on recherche encore l’origine de cette indus-
trie de l’émail sur les carreaux : elle a de tout temps existé en Orient.
Ues briques émaillées de Ninive portent des caractères cunéiformes ;
partout en Orient la terre se cuit, se façonne, pour élever des villes.
Ues vers d’Ovide, me reviennent à ce sujet en mémoire :

Pyramus et Thisbe, juvemim pulcherrimus aller,

Altéra, quas oriens habuit, prcelata puellis,

Conliguas habuere domos, ubi dicitur altam
Coctilibus mûris cinxisse Semiramis urbcm.

Après avoir signalé parmi les étoffes une curieuse pièce de soie
dont la légende : Honneur à notre maître le Sultan, rappelle les lettres
des monuments mauresques de l’Alhambra, j’arrive aux tapis, cette
grande richesse de la collection Albert Goupil. L’Espagne arabe a eu
ses manufactures de Malaga, d’Alméria, de Murcie, de Grenade, de
Séville, qui comptaient jusqu’à 6,000 métiers pour les étoffes desoie.
Mais si beaux que furent ces produits, il est douteux qu’ils aient
égalé la beauté des œuvres de l’Orient, qui fut véritablement le pays
de la soie et qui créa des merveilles, depuis les Sassanides jusqu’aux
Arabes, pour arriver aux Persans du xvie siècle. Je ne parle pas des
premières années de la conquête musulmane. La simplicité des
Khalifes, successeurs directs du Prophète, fut rapidement oubliée. Le
premier siècle de l’hégire n’était pas encore achevé, que le goût,
la passion des étoffés d’Alexandrie, de l’Yémen, de Koufah s’était
répandue de toutes parts. Les ouvriers arabes s’étaient formés à côté
des ouvriers de Constantinople et de la Perse. Partout des fabriques
d’étoffes. Alexandrie a ses càrtines, Kalmoun, Dabik, Bahnessa ont
leurs tissus. La Perse est toujours le grand centre de production ; à
Seraks les rubans brodés d’or, àTousterles robes et les turbans ; Rey
a ses vêtements, Tabriz ses élaby et ses khitabi, Amol est célèbre par
ses tapis pour la prière. Les livres des historiens et des géographes
arabes sont remplis de renseignements à ce sujet. M. Karabacek nous
a donné un savant travail sur cette question.

Ces fabriques de Perse restèrent longtemps florissantes, et au
xvne siècle le voyageur Chardin constatait la prospérité de cette
 
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