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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 4
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Lavoix, Henri: La collection Albert Goupil, 2, L'art oriental
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0322

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LA COLLECTION ALBERT GOUPIL.

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industrie des tapis, surtout à Kirman et à Seïstan. La Gazette donne
le dessin d’un tapis de la collection Goupil. C’est un Sidjadé, tapis de
prières. Quand j’aurais indiqué le plus fidèlement possible la dispo-
sition des couleurs du fond et des bordures, en pourrais-je rendre le
merveilleux effet! C’est un symphonie de tons, un chef-d’œuvre. Une
légende à grandes lettres l’encadre dans sa partie supérieure, d’un
verset du Coran, le verset du Trône :

« Dieu est le seul Dieu ; il n’y a point d’autre Dieu que lui, le
Vivant, l’immuable. Ni l’assoupissement, ni le sommeil n’ont prise
sur lui. Tout ce qui est dans les cieux et sur la terre lui appartient.
Qui peut intercéder auprès de lui sans sa permission? Il connaît ce
qui est devant eux et ce qui est derrière eux, et les hommes n’em-
brassent de sa science que ce qu’il a voulu leur apprendre. Son trône
s’étend sur les cieux et sur la terre, et leur garde ne lui coûte aucune
peine. Il est le Très-Haut, le Très-Grand : Dieu dit la vérité. » Sur la
bande inférieure court le verset suivant : « Acquitte-toi de la prière
au moment où le soleil décline jusqu’à l’entrée des ténèbres de la
nuit. Fais aussi une lecture pieuse à l’aube du jour. L’aube du jour
n’est pas sans témoins. » Sur le fond groseille sont inscrits en lettres
noires les quatre-vingt-dix-neuf épithètes que les musulmans appel-
lent les Attributs de Dieu. Quant aux coins, ils sont formés par des
lettres coufiques, disposées, enchevêtrées en carré, et reproduisant les
formules sacramentales de la foi et de la mission de Mahomet : ce
sont des monogrammes, ressemblant tellement à des figures géomé-
triques que leur déchiffrement est des plus difficiles. Le génie de
l’ornementation arabe a de ces caprices. La mosquée deThouloun, au
Caire, avait autrefois tout le Coran sculpté en bois sur la corniche de
l’intérieur. Celle du khalife fathimite El-Hakem contenait également
tout le texte sacré du livre ciselé en plâtre sur la corniche interne.

Cinq autres tapis couvrent les parois de la salle orientale de la
collection Goupil : ce sont des tapis de Perse sur lesquels se détachent
des légendes. Je ne les décrirai pas ; aussi bien me serait-il impos-
sible de donner une idée du goût, de la richesse, de l’éclat de ces
merveilles. Une pièce manque ; c’est la plus belle. Albert Goupil avait
le désir qu’elle fût léguée aux Gobelins ; cette volonté a été accomplie
parM. Gérôme, son plus cher ami, qu’il avait fait l’héritier de toutes
ces richesses d’art. Le mur est donc froid et triste. Mais le visiteur se
souvient delà générosité du donateur, et il inscrit dans sa pensée,
au-dessus de ce cadre vide, la phrase : Decapitati pro muneribus.

HENRI LAVOIX.
 
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