Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Müntz, Eugène: Les dessins de la jeunesse de Raphae͏̈l, 2
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0354

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
338

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

la reproduction d’un dessin du Louvre, dessin jusqu’ici univer-
sellement attribué à Raphaël (Braun, n° 250), mais qui, d’après l’in-
génieux amateur italien, aurait en réalité pour auteur Pinturicchio.
Un autre tableau de Raphaël, également conservé au Musée de Berlin,
la Vierge entre saint Jérôme et saint François, procéderait, lui aussi,
d’un dessin de Pinturicchio, faisant partie de la collection Albertine.
Hàtons-nous d’ajouter qu’ici encore, pour établir que Raphaël s'est
rendu coupable d’un plagiat vis-à-vis de Pinturicchio, il faut reven-
diquer en faveur de celui-ci un dessin dont les connaisseurs les plus
autorisés, et notamment dans les derniers temps M. Lippmann,
n’ont cessé de faire honneur à Raphaël lui-même. (Seul, M. le Dr Julien
Meyer croit y reconnaître la main, non de Pinturicchio, mais du
Pérugin.) Troisième plagiat : au dire de M. Wickhoff, Raphaël, dans
le célèbre dessin d’Oxford représentant deux anges musiciens (Robin-
son, n° 9) et dans les figures correspondantes du Couronnement de
la Vierge, à la Pinacothèque du Vatican, n’aurait fait que copier
un dessin de Pinturicchio, conservé au Musée de Pestli. Pour le coup,
j’ai le devoir de protester hautement contre l’assertion de mon érudit
confrère viennois! Que le lecteur juge entre nous : dans le prétendu
dessin de Pinturicchio (dessin assez faible d’ailleurs et qui pourrait
bien n’ètre qu’une copie d’après Raphaël), les anges sont revêtus
de longues robes flottantes; dans le dessin d’Oxford, ils portent au
contraire le costume collant de l’époque, ce costume qui revient si
souvent dans les dessins de la jeunesse de Raphaël et qui, selon toute
vraisemblance, était le sien même et celui de ses camarades d’atelier.
Pour établir que Raphaël a copié Pinturicchio, il faut donc supposer
qu’il s’est amusé, par un caprice inexplicable, à dépouiller les figures
de celui-ci de leur costume définitif, de leur costume d'apparat, et à
les dessiner de nouveau, scrupuleusement, péniblement, d’après le
modèle vivant, en substituant des chaussures aux pieds nus, des
toques aux têtes découvertes, sauf à revenir, dans le tableau du
Couronnement de la Vierge, au costume adopté en première instance.
Une telle explication est-elle vraisemblable, admissible? Si nous
supposons, au contraire, que le dessin du Musée de Pestli forme
l’étape intermédiaire entre le dessin d’Oxford et le tableau du Cou-
ronnement, comme tout s’éclaircit et s’explique ! Raphaël a commencé,
dans le dessin d’Oxford, par faire poser devant lui ses camarades
d’atelier; puis, dans le dessin de Pestli, il a transformé, comme il l’a
fait si souvent, des figures d’adolescents en figures d’anges; enfin ces
figures d’anges il les a fait passer, avec quelques légères modifications,
 
Annotationen