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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 4
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Müntz, Eugène: Les dessins de la jeunesse de Raphae͏̈l, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0362

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3iG

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

études préparatoires de la Mise au tombeau. Avant ce moment, Raphaël
— tout nous autorise à l’affirmer — n’avait jamais disséqué; la struc-
ture intime du-corps humain ne lui était connue que par les dessins
de Pollajuolo, de Léonard de Vinci, peut-être aussi de Fra Barto-
lommeo; nous voyons en effet ce dernier, dans les superbes dessins
récemment acquis par M. Bonnat, poursuivre une voie analogue.

L’influence d’un maitre puissant et absorbant entre tous ne se
borna pas aux recherches anatomiques : le beau dessin connu sous le
nom de la Mort de Méléagre, à l’Université d’Oxford, nous montre
des figures fières et élancées, incontestablement inspirées de celles
du Buonarotti. Dans un dessin de la collection Albertine, l’étude
pour la figure de la Charité destinée à orner la prédelle de la Mise
au tombeau, Raphaël a pris à son émule jusqu’à son trait ferme,
rude, parfois presque brutal. L’expression de la force commence à
l’emporter sur celle de la grâce. On croit en outre reconnaître la
main de Raphaël dans un dessin à la plume, du British Muséum,
représentant, avec une recherche fort marquée de la musculature,
le David en marbre de la place de la Seigneurie.

Cette époque est celle où, dans le maniement de la plume, le style
de Raphaël atteint à la suprême perfection. Les lignes, tour à tour
délicates ou vigoureuses, mais toujours profondément ressenties, les
hachures remarquables en général par leur régularité, forment un
ensemble d’une puissance et d’une harmonie indescriptibles; il s’en
dégage une sorte de charme tout musical. Aussi comparer ces dessins
à des mélodies, rapprocher Raphaël de Mozart, n’est pas une simple
figure de rhétorique; nulle image ne me paraît mieux caractériser
ce qu’il y a de suave et de mélodieux dans cette partie de l’œuvre
de Raphaël. Son triomphe en ce genre est peut-être l’homme debout
(étude pour une figure de porteur?) dessiné au revers de la Mise au
tombeau donnée par M. Chambers Hall au British Muséum ; sa fermeté,
son ampleur, son rythme ne sauraient se rendre par des paroles. A
cet égard, les dessins à la plume de la période florentine l’emportent
incontestablement sur ceux de la période romaine : si les études pour
l'École d'Athènes sont plus serrées, plus nerveuses, elles n’offrent
plus la même harmonie. Quant aux dessins postérieurs, ils portent
trop souvent des traces de précipitation. Un mot encore : avant
d’en être parvenu à ce degré de sûreté et de maturité, Raphaël,
surtout dans ses études de madones, semble s’être comme amusé à
chercher le trait décisif au milieu d’un dédale de paraphes; il a l’air
de tourner autour du but, mais c’est pour frapper plus sûrement, après
 
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