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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Vosmaer (p. 219) que le tableau, après être resté environ deux tiers de siècle au
Boeien (tir) des arquebusiers, en était sorti au commencement du xvme siècle pour
entrer à l’hôtel de ville dans la petite salle du Conseil de guerre, où il resta
jusqu’en 1808, époque de son transfert au Musée du Trippenhuis. A l’hôtel de ville,
il occupait le mur en face de la cheminée, entre deux portes; c’est là que Yan
Dijk l’a nettoyé et c’est là qu’il s’est rendu compte de la mutilation.
La copie de Londres était connue, bien que personne n’eût songé à la regarder
attentivement. Les renseignements historiques donnés sur elle par M. Vosmaer
et Dutuit — que nous avons d’ailleurs vérifiés dans Smith et dans le catalogue
de la vente de feu Randon de Boisset — nous font suivre sa filiation à partir
de 1777, époque où elle sort de la galerie de Boisset pour aller chez Laffitte; de
là elle passe en Angleterre chez George Gillow, où Smith l’a vue; en 1836 (Cat. rais.,
t. VII, n° 140) Smith la retrouve chez M. William Brett; enfin le catalogue de la
National Gallery de 1867 résume les renseignements précédents et ajoute qu’elle a
appartenu à M. Th. Ilalford, qui l’a donnée au musée. La note du catalogue
d’Amsterdam en français, de 1883, permet de remonter de 1777 à 1630 en passant
par 1712, car évidemment la copie de Gérard Lundcns est le tableau que Vosmaer,
comme tout le monde d’ailleurs, croyait être une peinture originale, et dont il
parle en ces termes : « Il (Banning Cock, le capitaine de la Sortie des arquebusiers)
a été même peint encore une fois pour le Boeien avec sa compagnie de gardes,
par Gcrrit Lundcns, vers 1660, à Amsterdam; ce tableau « très achevé » parut
en 1712 à la vente Van der Lip, à Amsterdam, où il fut vendu 263 florins. » Voilà
tout ce que nous savons sur cette copie, en attendant la publication des nouveaux
documents hollandais.
Maintenant, quelle est la largeur des bandes latérales coupées? Pour la calculer,
nous ne prendrons pas la grande gravure de Claessens, faite en 1797 d’après une
copie ou un dessin. Elle n’est pas très exacte pour le dessin et la mise en place
des personnages; en outre le graveur a rogné dans le haut une petite bande
horizontale, égale à un trentième de la hauteur. Il vaut mieux employer la
photographie delà copie de Londres, qui a 127 millimètres sur 164. Si, comparant
cette photographie au tableau d’Amsterdam, nous faisons abstraction des parties
disparues, soit 22 millimètres, il restera 142 millimètres correspondant à 4m35,
longueur actuelle du tableau d’Amsterdam. Appelons x la longueur primitive du
grand tableau, nous aurons :
x : 4,33 164 : 142
d’où
x = 4,33x164 : 142=5in02.
Le tableau primitif a donc perdu dans le sens de la largeur 67 centimètres,
plus de deux pieds, dont une bande de 15 à 16 centimètres à droite et une de
ül à 52 à gauche.
Un calcul analogue prouve que le tableau avait autrefois 3"’87 de hauteur au
lieu de 3m39, hauteur actuelle. Cela fait une perte de 28 centimètres dont 18 en
haut, qui laissent voir le haut du cintre et la lance du drapeau, et 10 en bas.
Dix centimètres, c’est bien peu de chose en apparence, et pourtant cela n’est
pas indifférent. Fromentin, dont le jugement beaucoup trop sévère sur la Ronde
de nuit porte souvent à faux, comme nous allons le voir, à pourtant fait preuve
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
Vosmaer (p. 219) que le tableau, après être resté environ deux tiers de siècle au
Boeien (tir) des arquebusiers, en était sorti au commencement du xvme siècle pour
entrer à l’hôtel de ville dans la petite salle du Conseil de guerre, où il resta
jusqu’en 1808, époque de son transfert au Musée du Trippenhuis. A l’hôtel de ville,
il occupait le mur en face de la cheminée, entre deux portes; c’est là que Yan
Dijk l’a nettoyé et c’est là qu’il s’est rendu compte de la mutilation.
La copie de Londres était connue, bien que personne n’eût songé à la regarder
attentivement. Les renseignements historiques donnés sur elle par M. Vosmaer
et Dutuit — que nous avons d’ailleurs vérifiés dans Smith et dans le catalogue
de la vente de feu Randon de Boisset — nous font suivre sa filiation à partir
de 1777, époque où elle sort de la galerie de Boisset pour aller chez Laffitte; de
là elle passe en Angleterre chez George Gillow, où Smith l’a vue; en 1836 (Cat. rais.,
t. VII, n° 140) Smith la retrouve chez M. William Brett; enfin le catalogue de la
National Gallery de 1867 résume les renseignements précédents et ajoute qu’elle a
appartenu à M. Th. Ilalford, qui l’a donnée au musée. La note du catalogue
d’Amsterdam en français, de 1883, permet de remonter de 1777 à 1630 en passant
par 1712, car évidemment la copie de Gérard Lundcns est le tableau que Vosmaer,
comme tout le monde d’ailleurs, croyait être une peinture originale, et dont il
parle en ces termes : « Il (Banning Cock, le capitaine de la Sortie des arquebusiers)
a été même peint encore une fois pour le Boeien avec sa compagnie de gardes,
par Gcrrit Lundcns, vers 1660, à Amsterdam; ce tableau « très achevé » parut
en 1712 à la vente Van der Lip, à Amsterdam, où il fut vendu 263 florins. » Voilà
tout ce que nous savons sur cette copie, en attendant la publication des nouveaux
documents hollandais.
Maintenant, quelle est la largeur des bandes latérales coupées? Pour la calculer,
nous ne prendrons pas la grande gravure de Claessens, faite en 1797 d’après une
copie ou un dessin. Elle n’est pas très exacte pour le dessin et la mise en place
des personnages; en outre le graveur a rogné dans le haut une petite bande
horizontale, égale à un trentième de la hauteur. Il vaut mieux employer la
photographie delà copie de Londres, qui a 127 millimètres sur 164. Si, comparant
cette photographie au tableau d’Amsterdam, nous faisons abstraction des parties
disparues, soit 22 millimètres, il restera 142 millimètres correspondant à 4m35,
longueur actuelle du tableau d’Amsterdam. Appelons x la longueur primitive du
grand tableau, nous aurons :
x : 4,33 164 : 142
d’où
x = 4,33x164 : 142=5in02.
Le tableau primitif a donc perdu dans le sens de la largeur 67 centimètres,
plus de deux pieds, dont une bande de 15 à 16 centimètres à droite et une de
ül à 52 à gauche.
Un calcul analogue prouve que le tableau avait autrefois 3"’87 de hauteur au
lieu de 3m39, hauteur actuelle. Cela fait une perte de 28 centimètres dont 18 en
haut, qui laissent voir le haut du cintre et la lance du drapeau, et 10 en bas.
Dix centimètres, c’est bien peu de chose en apparence, et pourtant cela n’est
pas indifférent. Fromentin, dont le jugement beaucoup trop sévère sur la Ronde
de nuit porte souvent à faux, comme nous allons le voir, à pourtant fait preuve