DERNIÈRES ANNÉES DE LA VIE DE REMBRANDT. 417
Mantegna, au Musée du Brera, à Milan. Un rideau couvre les parties
brûlées du tableau et ne laisse voir que les parties intactes, de telle
façon qu’au premier moment une sorte d’illusion de l’esprit vous fait
deviner ce qui est invisible et vous fait croire que le tableau n’est
qu’à demi caché. L’effet est des plus étranges ; il vous obsède. L’œuvre
est d’ailleurs si puissante ainsi, qu’on no regrette plus ce qui lui
manque. Le cadavre, dont la tête vous regarde de son œil fixe, profond,
noyé dans une expression d’insondable souffrance, est un des mor-
ceaux les plus extraordinaires qui soient sortis de la main de
Rembrandt, une des conceptions les plus terribles et les plus trou-
blantes qu’ait enfantées l’art de peindre h
En trente ans quel chemin parcouru! De l’enfantine toile du Saint
Paul dans sa prison, de la collection Schœnborn 2 et même de la Leçon
d’anatomie du professeur Tulp à celle du docteur Deyman, quelle
évolution ! Dès 1656, Rembrandt était cependant dans le plein de
ses embarras financiers ; il touchait à l’année néfaste où sa ruine
allait être consommée.
Le nouveau catalogue du Musée d’Amsterdam nous amène préci-
sément à parler des documents qui viennent d’être publiés, dans la
Oud Holland, par MM. Bredius etRoeveret qui éclaircissent plusieurs
points restés obscurs des dernières années de la vie de Rembrandt.
M. Dutuit a fait faire pour lui-même une traduction littérale de ces
documents ; il a eu la bonne grâce de la mettre à notre disposition et
nous lui on témoignons toute notre reconnaissance. Nous ne donnerons
que la substance des pièces, renvoyant au volume de M. Dutuit, qui
va bientôt paraître, ceux de nos lecteurs qui voudraient les connaître
en plus amples détails 3.
Une partie de ces documents se compose de pièces de procédure
relatives au procès que le tuteur de Titus dut soutenir contre les
créanciers de son père pour la défense de ses droits réservataires.
L’autre partie, de beaucoup la plus importante, jette une vive lumière
sur la figure d’Hendrickje Stofiels, qui paraît avoir été une maîtresse
femme, et sur le rôle si considérable qu’elle a joué dans la vie do
Rembrandt; de cette Hendrickje que plusieurs auteurs, la désignant
sous le nom de Hendrickje Jaghers, ont considérée comme sa seconde
1. M. Vosmaer, qui parle longuement de cette œuvre célèbre, dans son beau livre
sur Rembrandt, la croyait à jamais égarée. Son retour à Amsterdam a été salué
comme un événement.
2. Aujourd’hui au Musée de Stuttgart.
3. Manuel de l'amateur d’estampes : Ecole flamande et hollandaise. Paris,
A. Lévy, éditeur.
XXXII.
2e PÉRIODE.
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Mantegna, au Musée du Brera, à Milan. Un rideau couvre les parties
brûlées du tableau et ne laisse voir que les parties intactes, de telle
façon qu’au premier moment une sorte d’illusion de l’esprit vous fait
deviner ce qui est invisible et vous fait croire que le tableau n’est
qu’à demi caché. L’effet est des plus étranges ; il vous obsède. L’œuvre
est d’ailleurs si puissante ainsi, qu’on no regrette plus ce qui lui
manque. Le cadavre, dont la tête vous regarde de son œil fixe, profond,
noyé dans une expression d’insondable souffrance, est un des mor-
ceaux les plus extraordinaires qui soient sortis de la main de
Rembrandt, une des conceptions les plus terribles et les plus trou-
blantes qu’ait enfantées l’art de peindre h
En trente ans quel chemin parcouru! De l’enfantine toile du Saint
Paul dans sa prison, de la collection Schœnborn 2 et même de la Leçon
d’anatomie du professeur Tulp à celle du docteur Deyman, quelle
évolution ! Dès 1656, Rembrandt était cependant dans le plein de
ses embarras financiers ; il touchait à l’année néfaste où sa ruine
allait être consommée.
Le nouveau catalogue du Musée d’Amsterdam nous amène préci-
sément à parler des documents qui viennent d’être publiés, dans la
Oud Holland, par MM. Bredius etRoeveret qui éclaircissent plusieurs
points restés obscurs des dernières années de la vie de Rembrandt.
M. Dutuit a fait faire pour lui-même une traduction littérale de ces
documents ; il a eu la bonne grâce de la mettre à notre disposition et
nous lui on témoignons toute notre reconnaissance. Nous ne donnerons
que la substance des pièces, renvoyant au volume de M. Dutuit, qui
va bientôt paraître, ceux de nos lecteurs qui voudraient les connaître
en plus amples détails 3.
Une partie de ces documents se compose de pièces de procédure
relatives au procès que le tuteur de Titus dut soutenir contre les
créanciers de son père pour la défense de ses droits réservataires.
L’autre partie, de beaucoup la plus importante, jette une vive lumière
sur la figure d’Hendrickje Stofiels, qui paraît avoir été une maîtresse
femme, et sur le rôle si considérable qu’elle a joué dans la vie do
Rembrandt; de cette Hendrickje que plusieurs auteurs, la désignant
sous le nom de Hendrickje Jaghers, ont considérée comme sa seconde
1. M. Vosmaer, qui parle longuement de cette œuvre célèbre, dans son beau livre
sur Rembrandt, la croyait à jamais égarée. Son retour à Amsterdam a été salué
comme un événement.
2. Aujourd’hui au Musée de Stuttgart.
3. Manuel de l'amateur d’estampes : Ecole flamande et hollandaise. Paris,
A. Lévy, éditeur.
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2e PÉRIODE.
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