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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 5
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Lecoy de La Marche, Albert: L' art d'enluminer, 1: manuel technique du quatorzième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0441

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L’ART IVENLUMINE R.

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manuel technique, d’un haut intérêt, peut donc être considéré chez
nous comme encore inédit, et, en attendant que j’essaye d’en donner
à mon tour une édition critique1, il m’a semblé utile de le faire con-
naître en détail aux artistes et aux amateurs, car je n’ai pu en donner
dans mon récent travail sur les Manuscrits et la miniature2 que de très
courts extraits.

Le livre est écrit en latin. Les caractères, s’ils appartenaient à un
manuscrit français, pourraient se rapporter au commencement du
xv° siècle ; mais tous ceux qui ont travaillé dans les dépôts d’archives
de l’Italie savent que les scribes du pays étaient, à cette époque, de
vingt-cinq ou trente ans en avance sur les nôtres, ou, en d’autres
termes, qu’ils écrivaient dans la seconde moitié du xiv3 siècle comme
les nôtres ont écrit dans la première moitié du suivant. On peut donc
sans témérité, à défaut d’un synchronisme qui permette d’assigner à
ce traité une date plus précise, en placer la rédaction entre les
années 1R50 et 1400. L’auteur ne s’est fait connaître d’aucune façon,
et le titre même de l’ouvrage est absent, car celui que j’emprunte au
catalogue, bien que parfaitement juste, est une addition moderne.
Néanmoins le texte est complet; il a même été allongé, à la fin, de
doux paragraphes ajoutés successivement, mais par la main qui avait
écrit le reste. Cette conclusion est contraire à celle de M. Salazaro,
qui prétend que l’ouvrage est inachevé parce que l’on ne trouve pas,
à la fin, la recette pour faire du bleu d’outre-mer avec le lapis-lazuli,
que l’auteur annonçait devoir donner en terminant. Mais, en y regar-
dant de plus près, l’éditeur italien eût rencontré cette recette dans
un des derniers chapitres ; ce qui prouve justement qu’il y a eu des
additions postérieures. Le fait est suffisamment indiqué, du reste, par
la formule finale répétée après chacune de ces dernières divisions :
Deo gratias. Amen. L’auteur, à mesure qu’il apprenait une recette ou
un procédé nouveaux, les ajoutait à son recueil, et croyait, chaque
fois, que ce complément serait le dernier; il en est arrivé autant à
beaucoup d’autres.

Mais, si nous ne pouvons percer le voile qui recouvre sa personne,
certains passages nous font deviner, du moins, sa nationalité et sa
profession. C’était, à n’en pas douter, un Italien : la tournure de ses
phrases, son orthographe, les idiotismes dont son mauvais latin est
émaillé, le prouvent surabondamment. Quelques exemples permettront

1. Celle édition paraîtra probablement dans les Mémoires de la Société des
Antiquaires de France.

2. bibliothèque de renseignement des beaux-arts. Quantin, éditeur.
 
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