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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 5
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Lemonnier, Camille: Les beaux-arts à l'Exposition Universelle d'Anvers
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0458

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LES BEAUX-ARTS A L’EXPOSITION D’ANVERS.

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ment dans la grâce et la force, la priorité et la hardiesse des
initiatives et aussi l’inquiétude passionnée des expérimentations
nouvelles, les artistes français sont les premiers du monde, les
peintres belges, dans le domaine de l’exécution, n’ont pas démérité
du renom glorieux de leurs ancêtres et appliquent toujours aux
élaborations du morceau les ressources d’un incomparable métier.
Alfred et Joseph Stevens, Henri de Braekeleer, Jan Stobbaerts sont
des organismes étonnamment sensibles, créés exprès pour les
sensualités de la peinture et dont on trouverait difficilement ailleurs
les équivalents. L’artiste, ici, ne sépare pas de la couleur, l’idée,
la forme, le concept ; il entrevoit son œuvre à travers la chaleur et
la densité d’une atmosphère en mouvement. Toute cette forte théorie
des Agneessens, Artan, Baron, Meunier, Mellery, Alf. Yerwée,
Courtens, Yerhaeren, Yerheyden, n’a rien de la virtuosité banale
des coloristes par application et par routine, mais dénote la pléni-
tude de l’instinct du peintre, l’aptitude à penser et à s’exprimer par
le ton, comme en une langue qui leur serait naturelle.

La France, elle, plane dans une admirable évolution intellectuelle,
s’ouvrant à grands coups d’ailes des percées vers un art toujours
plus intuitif et plus élevé, avec une tendance peut-être excessive à
quintessencier le côté abstrait de la recherche au détriment de la
réalisation immédiate. Si incomplètement représentée qu’elle soit à
Anvers, avec un empiétement concerté de l’élément académique sur
les aspirations foncièrement françaises de la jeune École, elle laisse
l’impression d’une discipline martiale, d’une rare tenue d’ensemble
et d’une civilisation d’art inégalée. Je ne crois pas nécessaire de
m’arrêter aux peintures de MM. Meissonier, Bouguereau, Cabanel,
Bonnat, Morot, Henner, Georges-Bertrand, Glaize, Gros, Schommer,
Commerre : parmi ces onze artistes il n’y a pas moins de sept
médailles d’honneur et rappels de médaille d’honneur, signe de
notoriété et d’acceptation indiscutées. Leur art d’ailleurs s’est suffi-
samment spécialisé pour rendre oiseuses les dissertations qui, après
tout, ne pourraient être que la paraphrase de ce qu’ont dit ici de
pénétrants critiques. Puis, à quoi bon le cacher? Notre dilection va
plutôt à ces expressions d’un art plus délié et plus humain ou plus
humanisé : aux Foins et au Portrait du grand-père, de ce mort vivant,
Bastien-Lepage; à la Brodeuse et au Portrait de Mmc L., de M. Fantin-
Latour; à la Communion à l’église de la Trinité, de M. Gervex ; au
Ludus pro patria, de M. Puvis de Chavannes ; au Goûter de M. Roll ; aux
nostalgiques et morbides évocations de femmes et d’enfants, de
 
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