Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Mantz, Paul: Rubens, 14
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0477

DWork-Logo
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
458

GAZETTE DES BEAUX-A11TS.

Christ, vu en raccourci, est placé entre deux anges tenant les attributs
de la Passion. Le Christ, déjà marbré de bleuissements cadavériques,
est bien de Rubens ; mais les deux anges sont véritablement
exécrables. Ce tableau et d’autres encore font voir que, dans son
ardeur à recruter des associés, le maître n’a pas toujours été assez
sévère.

Du reste, Rubens, en vieillissant, devenait de plus en plus acces-
sible à la bonté. Certes, il y a bien de la légende dans ce qui a été
raconté des infortunes d’Adrien Brouwer et de sa fin misérable ; mais,
malgré les rectifications de la critique, il doit y avoir dans les fiori-
tures des romanciers une part de vérité. Depuis 1632, Brouwer était
le collègue du maître à la gilde de Saint-Luc : Rubens faisait cas de
son talent, il recherchait ses œuvres, on en voit figurer dix-sept dans
l’inventaire dressé après sa mort et sans croire, comme on le disait
jadis, que Rubens ait payé les frais de l’enterrement du peintre de la
comédie humaine (1er février 1638), on n’a pas de peine à admettre
qu’il ait pu, en des jours difficiles, lui tendre une main protectrice.
Le grand maître était fraternel pour tous les bons ouvriers de l’art.
Les lettres qu’il écrit au sculpteur Lucas Faidherbe, le certificat qu’il
lui délivre pour attester son talent, disent à quel point il avait le
cœur serviable et généreux.

A la fin de 1638, Rubens était malade ; mais il travaillait encore.
Il achevait un de ses derniers tableaux, le Martyre de saint Thomas
qui, l’année suivante, fut envoyé à Prague. Cette composition,
destinée à l’église des Augustins, lui avait été commandée en 1637.
Elle fut placée en 1639 sur l’autel où elle est encore, et elle nous est
connue par la gravure de Jacques Neefs L Ceux qui ont eu la bonne
fortune de voir ce tableau en parlent comme d’une œuvre vigoureuse
et forte.

Les indications relatives au Martyre de saint Thomas ne sont pas
les dernières confidences qui nous aient été faites au sujet des travaux
de Rubens au moment où sa main glorieuse allait laisser tomber le
pinceau. Philippe IY était insatiable. Il voulait d’autres tableaux et
naturellement il avait songé au talent de son ancien ambassadeur.
Dès le 30 juin 1638, une nouvelle commande fut faite à Rubens par
l’intermédiaire du cardinal-infant, et cette fois il s’agissait de pein-
tures qui devaient être l’œuvre personnelle du maître. L’un de ces
tableaux, dont l’achèvement est annoncé le 27 février 1639 et que I.

I. H. Hymans. Histoire de la gravure dans l'Ecole de Rubens, p. 415.
 
Annotationen