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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 32.1885

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Nr. 6
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Gonse, Louis: L' œuvre de Rembrandt, 2: [Rezension]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24593#0523

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302

GAZETTE DES BEAUX-A H T S.

des faits viendrait tout naturellement et peu à peu rectifier les erreurs
du passé. « Admis ainsi dans l’intimité de l’homme et de l’artiste, dit
M. Seymour Haden, on le voyait d’abord travaillant sur ces petites
plaques de cuivre qui se mesurent par pouces et qu’il employait pour
ses premiers essais; on le suivait dans les changements de style et
d’exécution de sa période moyenne, pour l’accompagner enfin jusqu'au
moment où sa puissance atteignit son apogée, dans les conceptions
grandioses de ses derniers jours, le Christ présenté au peuple et la
grande planche des Trois Croix. » Alors apparaît une conclusion
inéluctable : cet œuvre de 363 pièces n’est pas, ne peut pas être de la
même main. Tous les esprits critiques s’accordent maintenant à
reconnaître qu’il est nécessaire d’opérer une révision sévère de
l’œuvre gravé de Rembrandt. Mais jusqu’où doit-on aller dans cette
révision? Telle est la question qui se pose.

Gersaint, Pierre Yver, Bartsch, Claussin, avaient eu le vague
sentiment que tout ne devait pas être de la main de Rembrandt dans
cet œuvre immense. Charles Blanc en était resté à l’opinion de ces
premiers classificateurs; tout au plus a-t-il rejeté une dizaine de
planches, comme indignes du maître, sans faire valoir une raison
spéciale tirée de l’examen des procédés d’eau-forte ou des caractères
du dessin; il a accueilli sans sourciller tous ces mendiants, toutes
ces femmes nues, toutes ces tètes de fantaisie, tous ces griffonnis,
d’une valeur d’art si pauvre, d’un travail si vulgaire et si médiocre.

Depuis, l’Exposition du Burlington est survenue ; Ta brochure de
M. Seymour Haden a éclaté comme un coup de tonnerre dans un ciel
serein; les yeux se sont dessillés; en Allemagne, en Angleterre, on
a marché avec ardeur dans la voie nouvelle. Aujourd’hui l’enquête
est grande ouverte, la révision est à l’ordre du jour.

En France, malheureusement, les choses n'ont pas été du même
train; la brochure de M. Seymour Haden n’avait pas eu toute la
portée qu’elle méritait; les amateurs en étaient encore aux timides
points d’interrogation du bon Gersaint.

Je dois rendre à M. Dutuit cette justice qu’il a compris toute
l’importance de la question. « Les arguments dont on se sert, dit-il,
les raisons que l’on fait valoir, ont une telle gravité qu’il est de notre
devoir de les faire amplement connaître. » Et M. Dutuit tient sa
promesse. Il expose le débat dans ses plus amples détails, avec un
esprit d’impartialité et une bonne foi auxquels on ne saurait trop
rendre hommage. Visiblement attaché à des traditions qui lui sont
chères, il a cependant la franchise de laisser paraître les inquiétudes,
 
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