LES
NOUVEAUX DOCUMENTS HOLLANDAIS
SUR
LA RONDE DE NUIT DE REMBRANDT
es lecteurs de la Gazette se rappellent, nous aimons à l’espérer,
une lettre publiée le 1er novembre 1885, dans laquelle étaient
exposés les arguments à l’appui des trois propositions suivantes :
La Ronde de nuit a été mutilée jadis, au point de vue de la
composition, par la suppression de quatre bandes plus ou moins
larges ; — au point de vue de la couleur, elle a été fortement
jaunie et roussie par de nombreuses couches de vernis; — au point de vue du
clair-obscur, elle représentait primitivement un effet de plein soleil, que l’action du
temps et des vernis a presque transformé en un effet de nuit.
Ayant été assez heureux pour avoir la priorité dans la publication de ces idées,
nous nous empressons toutefois d’ajouter qu’à Amsterdam, plusieurs historiens
d’art avaient formulé d’une manière indépendante la première proposition. A
l’heure qu’il est, ce sujet passionne les critiques hollandais ; les plus audacieux ont
soulevé la question du « nettoyage » du chef-d’œuvre, tandis que d’autres combat-
tent cette tentative comme dangereuse ou comme basée sur des conclusions dé-
nuées de preuves. Evitant ici de discuter une question aussi brûlante, nous nous
contenterons de mettre les lecteurs au courant des documents nouveaux publiés sur
l’œuvre elle-même.
M. D. C. Meyer Junior vient de faire paraître dans les trois plus récentes
livraisons de la Oud-Hollafid (la vieille Hollande) une longue étude sur les tableaux
de gardes civiques d’Amsterdam, étude dans laquelle il consacre quatorze pages
in-4° à la Ronde de nuit. Analysons ce remarquable travail. Il commence par
des détails nouveaux sur le capitaine et le lieutenant du premier plan. Le capitaine,
Frans Banning Cock, n’avait pas d’illustres origines : son père, arrivé de Brême
presque enfant, était un pauvre diable qui fit rapidement fortune, épousa la fille
d’un bourgmestre, acheta en 1618 la seigneurie de Purmerland et Ilpendam, et fut
anobli en 1620 par Jacques I01’, roi d’Angleterre. Le lieutenant Willem van
Buytenburg avait probablement pour grand-père un simple épicier; son père fut
anobü en 1611 et fait seigneur de Ylaerdingen par le prince d’Arenberg.
NOUVEAUX DOCUMENTS HOLLANDAIS
SUR
LA RONDE DE NUIT DE REMBRANDT
es lecteurs de la Gazette se rappellent, nous aimons à l’espérer,
une lettre publiée le 1er novembre 1885, dans laquelle étaient
exposés les arguments à l’appui des trois propositions suivantes :
La Ronde de nuit a été mutilée jadis, au point de vue de la
composition, par la suppression de quatre bandes plus ou moins
larges ; — au point de vue de la couleur, elle a été fortement
jaunie et roussie par de nombreuses couches de vernis; — au point de vue du
clair-obscur, elle représentait primitivement un effet de plein soleil, que l’action du
temps et des vernis a presque transformé en un effet de nuit.
Ayant été assez heureux pour avoir la priorité dans la publication de ces idées,
nous nous empressons toutefois d’ajouter qu’à Amsterdam, plusieurs historiens
d’art avaient formulé d’une manière indépendante la première proposition. A
l’heure qu’il est, ce sujet passionne les critiques hollandais ; les plus audacieux ont
soulevé la question du « nettoyage » du chef-d’œuvre, tandis que d’autres combat-
tent cette tentative comme dangereuse ou comme basée sur des conclusions dé-
nuées de preuves. Evitant ici de discuter une question aussi brûlante, nous nous
contenterons de mettre les lecteurs au courant des documents nouveaux publiés sur
l’œuvre elle-même.
M. D. C. Meyer Junior vient de faire paraître dans les trois plus récentes
livraisons de la Oud-Hollafid (la vieille Hollande) une longue étude sur les tableaux
de gardes civiques d’Amsterdam, étude dans laquelle il consacre quatorze pages
in-4° à la Ronde de nuit. Analysons ce remarquable travail. Il commence par
des détails nouveaux sur le capitaine et le lieutenant du premier plan. Le capitaine,
Frans Banning Cock, n’avait pas d’illustres origines : son père, arrivé de Brême
presque enfant, était un pauvre diable qui fit rapidement fortune, épousa la fille
d’un bourgmestre, acheta en 1618 la seigneurie de Purmerland et Ilpendam, et fut
anobli en 1620 par Jacques I01’, roi d’Angleterre. Le lieutenant Willem van
Buytenburg avait probablement pour grand-père un simple épicier; son père fut
anobü en 1611 et fait seigneur de Ylaerdingen par le prince d’Arenberg.