Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

DOI Heft:
Nr. 1
DOI Artikel:
Michel, André: J.-F. Millet et l'exposition de ses œuvres à l'École des Beaux-Arts
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0012

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
6

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

n’aurions pas, à la première page du catalogue de cette exposition
triomphale : « La victoire doit être clémente. » Il nous sera permis
du moins de constater que la Gazette peut se mêler sans hypocrisie
ni remords au cortège du triomphateur. Voici ce qu’elle publiait,
dans un de ses premiers numéros, le 15 juin 1859, sous la signature
de Paul Mantz : « Les gens d’esprit pourront sourire, les académies
pourront se tromper, les indifférents pourront passer sans regarder
et sans comprendre; ces moqueries, ces méprises,, ces dédains ne
changeront rien au résultat définitif ; et dans un temps qui viendra
bientôt, qui peut-être est déjà venu, M. Millet sera salué comme un
maître. » La prophétie s’est réalisée tout entière; les académies se
sont trompées, les gens d’esprit ont souri ; mais l’œuvre est là,
toujours éloquente et décidément magistrale.

L’œuvre est là, disons-nous. Soyons plus exact et mettons, hélas!
une partie de l’œuvre. Voici bien Y Angélus, la Garcleuse d’oies, la
Lessiveuse, les Glaneuses, la Gardeuse de montons, Y Homme à la houe,
le Rouet, le Berger au parc la nuit, la Becquée... Mais où sont le
Paysan greffant un arbre, la Tonte des moutons, la Femme veillant son
enfant, les Planteurs cle pommes de terre, la grande Tondeuse de 1860, et
tant d’autres pages maîtresses? La plupart ont passé l’Océan, ravies
par l’heureux pays des dollars où notre collaborateur M. Durand-
Grévilleles a vues récemment, brillantes d’une pure splendeur. Il en
a été de ces précieux tableaux comme de tant de Rousseau et de Corot
que nous aurions pu avoir pour un morceau de pain, que nous ne
sommes plus assez riches pour acheter et qui manqueront à jamais
dans la grande Salle de l’art moderne enfin ouverte au Louvre. Si du
moins nous savions saisir les occasions offertes de réparer en partie les
fautes du passé... Mais on a le droit d’écrire que les commissions ou
les fonctionnaires compétents ne paraissent pas avoir à cet égard le
sentiment de leur devoir et de leur responsabilité. N’est-ce pas l’an
dernier, et à cette même époque, qu’au moment précis où l’on trouvait
près de cinquante mille francs pour l’achat de quelques morceaux
pris parmi les plus faibles et les moins achevés du regretté de
Neuville, on laissait adjuger à un étranger, pour une somme de
beaucoup inférieure et relativement minime, le Pont de Mantes, un des
plus fins chefs-d’œuvre de Corot, l’un de ceux que le Louvre aurait dû
rechercher et pour sa valeur propre et pour l’intérêt documentaire
qu’il présentera un jour dans l’histoire de notre école et de son évo-
lution du sombre au clair... Ah! recommandons à la piété et au
patriotisme des amateurs éclairés les destinées du Louvre, car en
 
Annotationen