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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2. Pér. 36.1887

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Nr. 2
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Bouchot, Henri: Le portrait peint en France au XVIe siècle, 1: Bourdichon. - Perreal. - Les Clouet. - Corneille de Lyon
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https://doi.org/10.11588/diglit.24190#0125

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LE PORTRAIT EN FRANCE AU-XVIe SIÈCLE.

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ces maîtres anciens, d’ignorer leur vie et leurs œuvres, que nous ne
le sommes de rencontrer encore de ces œuvres. Si l’on se reporte
vers ce temps où les peintres ne tenaient point de place plus grande
que les chaussetiers ou les « hasteurs de rôts » dans les comptes
royaux, où les rois et les princes commandaient à leurs artistes
en titre des portraitures, comme ils eussent demandé à d’autres
un pourpoint ou une aumônière, on comprendra le peu de cas qu’on
faisait des images. Même si l’on excepte parmi ces tableaux ceux
représentant les rois ou les reines, conservés par respect pour la
personne et non par goût pour le dessinateur, on admirera avec nous
le nombre relativement élevé des survivants. Pour qu’un dessin à
l’aquarelle sur papier, qu’une relique aussi légère et si peu résistante,
ait pu nous arriver à peu près intacte, après quatre cent cinquante
années, il a fallu je ne sais quel concours de circonstances dont la
réunion nous paraît invraisemblable et merveilleuse. Combien ont
fini comme ce précieux manuscrit de Noyon retrouvé naguère entre
les mains de jeunes enfants, et qui avait été copié au xvne siècle par
Roger de Gaignières au milieu d’autres chefs-d’œuvre !

De leur temps les vieux peintres n’étaient pas ce que nous les
avons faits depuis. Les plus heureux gagnaient à la cour des princes
les gages d’un palefrenier ou d’un clerc d’office. Les autres vivaient
au jour le jour comme ce Jacques Prévost de Gray, dont M. Chevi-
gnard racontait un jour la curieuse odyssée L A tout prendre ces
derniers n’avaient peut-être pas choisi le plus mauvais lot, car s’ils
soupaient rarement, ils ne se condamnaient point aux besognes
ordinaires des cours, aux caprices des puissants seigneurs, et ils
avaient plus franche allure.

La mode qui s’est portée depuis quelque temps vers les œuvres
des xve et xvie siècles a fait surgir de vieux noms d’artistes,
toujours les mêmes d’ailleurs, inscrits jusqu’à satiété sur tous les
catalogues, depuis plus de vingt ans. Un portrait représentant un
personnage du temps de Louis XII ou de Henri III passait-il dans
une vente? On ne manquait pas de l’attribuer à Clouet ou à son
école, sans plus de souci, et sans autrement s’inquiéter de l’invrai-
semblance qu’il y aurait à voir Prud’hon, par exemple, exposer au
Salon de 1886. Ces étiquettes ainsi mises sans réflexion et sans
critique, ces baptêmes inconscients dérouteront longtemps encore
les amateurs ordinaires. Ceux qui cherchent et qui ne se payent pas

L Article paru dans le Magasin pittoresque, année 1886.
 
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